A qui profite l’instabilité au Sahel?

Conférence de presse du ministre sahraoui des Affaires étrangères : « Que l’ONU assume ses responsabilités »

« Le Makhzen a profité de l’instabilité au Sahel pour, primo, inonder ses voisins de drogue, y compris la dure qu’il importe de la Colombie, et secundo, créer le Mujao, un appendice de ses services de renseignement, pour cibler les intérêts de l’Algérie et des Sahraouis. 
Parmi les managers de cette organisation narcoterroriste, on retrouve des « diplomates accrédités » en Afrique de l’Ouest, des « consultants » qui ont pignon sur rue au Sahel mais surtout des officiers de la DST qui font, à l’occasion, dans la médiation pour la libération d’otages contre paiement de rançons et le proxénétisme à Dakar, Ouagadougou, Abidjan, Cotonou… », dit-il avant de révéler le montant de ce commerce marocain : 25 milliards d’euros uniquement en 2012. « Rabat, dit-il, importe sa cocaïne de Colombie par avion, ventile celle-ci dans les grandes capitales africaines et du Golfe en utilisant les vols réguliers de la Royal Air Maroc et des convois terrestres via le Sahara occupé et la Mauritanie ». 
Et l’Europe ? « Elle est alimentée par avions et embarcations rapides », répond-il. « 12 petits avions ont été abattus par les gardes côtes espagnols l’an passé », rappelle le ministre sahraoui. L’observatoire européen chargé de la surveillance de la drogue ne cesse de lancer des alertes », reconnaît le diplomate sahraoui estimant que le Maroc, qui était jusqu’à présent un obstacle à la construction de l’UMA, constitue, désormais, un véritable danger pour la population.
Christopher Ross chez les réfugiés

« L’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, ne pourra pas avancer tant que la France, membre du Conseil de sécurité, continuera à soutenir le Maroc et faire valoir son droit de veto », dit-il. « Nous avons toujours collaboré avec les Nations Unies et son envoyé spécial.

A la veille de la commémoration du 40e anniversaire du soulèvement sahraoui, nous réitérons cette vérité : sans notre indépendance, il n’y aura ni UMA ni stabilité. Et l’attitude de la force occupante qu’est le Maroc nous révolte. Ses forces violent, bastonnent, violentent nos populations sous le regard des fonctionnaires de la Minurso. Notre souhait dans l’immédiat ? Que les Nations Unies assument leurs responsabilités, c’est-à-dire faire respecter les droits de l’Homme et ramener notre « occupant » à la table de négociations, sans préalables et sans sa fumeuse autonomie ».

Dans la foulée, Ould Salek lance une flèche à la France, le pays qui soutient, dit-il, les thèses marocaines au Conseil de sécurité. « Pour mettre en œuvre l’accord politique que nous avons signé en 1991, il faut aller aux urnes », dit-il. « Qu’attend la France qui a délimité les frontières entre le Sahara et le Maroc avec l’Espagne, et milité pour les droits de l’Homme au point d’intervenir militairement, comme en Libye, au Mali pour imposer la démocratie, défendre des populations en danger et des intégrités territoriales en danger pour réagir et cesser sa politique des deux poids, deux mesures ? ».

François Hollande, qui sera en visite à Rabat en avril prochain, osera-t-il franchir ce pas ? Certains analystes laissent croire qu’il pourrait, après avoir apporté un soutien franc à Christopher Ross, lever sa main sur la demande d’élargissement de la Minurso. « Le pourrissement de la situation aura des conséquences incalculables pour la région », prévient le diplomate sahraoui. « Est-ce le souhait du Palais royal et de ceux qui le soutiennent ? », s’interroge-t-il. 

Djamel Boukrine, 26/03/2013
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