Le Commissaire européen Stefan Füle a demandé aux autorités marocaines de faire preuve de « plus de sincérité » dans leurs communications avec les institutions européennes, suite à l’expulsion récente de quatre eurodéputés.
La Commission européenne vient de dévoiler à Bruxelles les derniers rapports de suivi de sa Politique de voisinage, dont celui avec le Maroc. Le document de travail fait le point sur les actions engagées en 2012 et les progrès qui restent à réaliser.
Lors de sa présentation devant le Parlement européen, Stefan Füle a été interpellé sur le récentrefoulement de quatre eurodéputés proches des thèses du polisario, interdits par Rabat d’accéder au territoire marocain. Le gouvernement s’était justifié en évoquant simplement « une décision souveraine ».
L’eurodéputée belge Annemie Neyts, membre du groupe d’amitié du parlement européen avec le Maroc, a elle-même critiqué cette décision des autorités marocaines, rapporte ce jeudi le quotidien L’Economiste : « Ils ont manqué une opportunité d’expliquer leur position et ont – au contraire – renforcé la position de ceux qu’ils voulaient combattre ».
Stefan Füle, lui aussi cité par L’Economiste, a répondu que dans le cadre « très privilégié » des relations UE-Maroc, « les autorités de ce pays doivent faire preuve de plus de sincérité dans leurs communications avec les institutions européennes. Il ne doit pas y avoir de tabous dans nos relations avec le Maroc et ce pays devrait s’abstenir de faire des obstacles aux allers et venues d’individus du Parlement européen ou de n’importe quelle autre institution européenne qui voudraient accomplir une ou l’autre mission au Maroc ».
Des réformes à accélérer
Concernant le suivi du plan d’action UE-Maroc, Bruxelles estime que depuis les dernières élections législatives de novembre 2011, « le débat parlementaire a gagné en dynamisme et on a assisté à l’émergence d’un débat public sur l’action gouvernementale à travers des émissions télévisées et dans les autres médias ». Toutefois, le progrès dans la mise en œuvre effective de la nouvelle Constitution « a été assez limité en 2012 » avec une seule loi organique adoptée (celle sur la nomination aux hautes fonctions). Seize sur dix-neuf lois organiques prévues doivent encore être élaborées et adoptées par le gouvernement.
Le document revient également sur le processus de réforme de la justice, pour laquelle l’UE avait mis à disposition en 2009 une aide de 100 millions d’euros, avant de la retirer faute de concrétisation de la part des autorités marocaines. Bruxelles note que « le non-aboutissement de cette réforme a engendré un certain nombre de frustrations parmi les professionnels du secteur, soucieux qu’une réponse soit apportée au problème de l’indépendance de la justice ».
Outre la réforme de la justice, L’UE indique comme priorités à venir l’accélération de la mise en oeuvre de la nouvelle constitution, la réforme de la Caisse de compensation, les réformes pour la bonne gouvernance, notamment la lutte anti-corruption, un meilleur respect de l’exercice des libertés d’association, de rassemblement, d’expression et de la presse, poursuivre les réformes économiques structurelles, dont l’amélioration de l’environnement des affaires et la mise en œuvre du Plan Emergence.
LAKOME, 21/03/2013
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