Le département d’Etat américain et l’ONU ont affirmé, dans leurs derniers rapports mondiaux sur le trafic de drogue, que le Maroc demeurait non seulement un des principaux fournisseurs de cannabis mais qu’il sert aussi de «zone de transbordement» de la cocaïne provenant de l’Amérique latine pour l’introduire en Europe. Dans son rapport publié mardi sur «la stratégie de contrôle international des narcotiques» et remis au Congrès, le département d’Etat a souligné que “le Maroc reste une principale source du cannabis, devancé seulement par l’Afghanistan dans la production du haschich ou résine de cannabis”. Il a indiqué, en outre, que «la plupart des grandes expéditions de haschich marocain à destination de l’Europe sont transportées par bateaux à moteur et par d’autres petites embarcations».
A ce propos, il précise que «compte tenu de sa situation géographique et de ses infrastructures de transport, le Maroc sert de zone de transbordement pour la cocaïne en provenance d’Amérique latine qui est introduite clandestinement par l’Afrique de l’ouest pour l’acheminer vers l’Europe». Notant que la production du cannabis reste «une culture de rente important» au Maroc, le département d’Etat précise que cette activité illégale menée dans les régions productrices traditionnelles du nord marocain «a un impact économique considérable sur la population locale étant donné les conditions pauvres de ces zones où le cannabis est cultivé». Citant des chiffres, le rapport américain estime que «la culture du cannabis procure des revenus à 800 000 personnes, et représente 3,1 % du PIB agricole du Maroc». De surcroît, le département d’Etat affirme que «la corruption de la police et le laxisme tacite dans l’application des lois contre ce fléau demeurent un problème au Maroc».
Pour sa part, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a aussi publié un nouveau rapport sur «les tendances mondiales des cultures illicites et de la production de drogues d’origine végétale». Cette organisation de l’ONU a également affirmé que «la production de résine de cannabis tend à se concentrer dans quelques pays seulement, dont les principaux exemples sont le Maroc et l’Afghanistan». Citant les estimations des autorités marocaines, l’ONUDC indique que la superficie nette des cultures illicites s’établirait à 47.500 ha. Ce rapport onusien soutient que «de grandes quantités de résine de cannabis gagnent l’Europe, via l’Espagne principalement, depuis le Maroc». En conséquence, poursuit l’ONUDC, «le marché européen de la résine de cannabis continue d’être principalement approvisionné par le Maroc».
A ce sujet, le document note que «la majorité des pays d’Europe indiquent que la résine saisie continue de provenir du Maroc», tandis que l’Espagne continue «de servir de voie d’accès importante pour la résine marocaine à destination de l’Europe». Des informations provisoires indiquent que «46 % des saisies mondiales de résine de cannabis ont été effectuées en Espagne dont les autorités rapportent que 85 % des quantités de cette drogue saisie proviennent du Maroc».
Outre le département d’Etat et l’ONUDC, le dernier rapport de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (INCB) a fait savoir que 72 % des résines de cannabis saisies mondialement sont originaires du Maroc. Selon cette organisation, qui est une entité des Nations Unies chargée de surveiller la production et la consommation des stupéfiants à travers le monde, «les trafiquants de cocaïne s’intéressent de plus en plus à faire passer la cocaïne vers l’Europe à travers le Maroc, la cocaïne étant expédiée à partir de l’Amérique du Sud vers l’Afrique subsaharienne et la région du Sahel puis au Maroc».
Le Courrier d’Algérie, 16/03/2013
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