L’autre guerre perdue du Maroc

Le Maroc qui consacre prés de 500 millions de dollars pour son Lobbying qui va de la défense de son occupation coloniale du Sahara occidental aux attaques sournoises contre l’Algérie qu’il présente, toute honte bue comme la « mère » de tous ses déboires et de ses incuries de gouvernance, entretient une véritable guerre d’influence sur Internet. Si le Front Polisario avait une longueur d’avance dans ce domaine -soutenu en cela par une myriade d’ONG internationales qui critiquent «l’exploitation des richesses du Sahara occidental par la force occupante», à l’instar du très actif Western Sahara Ressource Watch, et l’occupation coloniale du Sahara occidental. Rabat met les bouchées doubles pour disséminer ses thèses et faire accepter par l’opinion internationale l’idée que seule une pseudo-autonomie du territoire peut résoudre ce conflit. 
Depuis que Peter van Walsum, acheté par l’argent marocain aux dires de certains diplomates onusiens, avait claqué la porte en 2008 à l’issue des quatre premiers rounds de négociations et marqué sa préférence pour les thèses marocaines «par pragmatisme», la Toile a vu fleurir une multitude de sites Internet défendant ce «principe de réalisme» cher aux diplomates de Rabat et promu a coups de millions de dollars. Des sites élaborés, au graphisme résolument moderne et au contenu enrichi de «documents exclusifs», de «photographies inédites» et «d’informations confidentielles» distillés par des sites, dont certains et ils ne s’en cachent même pas -comme Sahel intelligence- sont animés par d’anciens analystes du Mossad, qui soutient ouvertement les services de sa Majesté, dirigés par le falot Yassine Mansour qui ne doit ce poste qu’a sa proximité avec le souverain marocain, dont il fut le condisciple au collège royal de Rabat. 
La première salve de la guerre « cyberbénétique » du Maroc est venue d’un mystérieux collectif d’internautes marocains et algériens. Son signe de ralliement, un cœur formé des deux drapeaux; le chérifien frappé de l’étoile à cinq branches entrelacé avec celui vert et sang de la révolution algérienne. Aucune autre piste ne permet d’en savoir plus, si ce n’est leur rhétorique commune qui monte en épingle le «réalisme onusien» et les «tergiversations du Front Polisario», présenté comme un ersatz d’équilibre géostratégique révolu, verrou ultime du rêve d’union maghrébine, telle que fantasmée par les nationalistes panarabes. Une bonne douzaine de sites Internet prétendent ainsi représenter «la voix des peuples d’Afrique du Nord».
D’autres sites, proposent des menus interactifs usant à outrance d’outils multimédia dont sont très friands les internautes. Un de leurs objectifs affichés est de compiler des témoignages farfelus sur les liens fantasmés du Front Polisario avec Aqmi. Une thèse qui fait rire les chancelleries quand on sait que le Maroc et ses monarchies alliées du golfe financent les groupes de narcoterroristes au Sahel. La prose de ces sites est calquée sur celle des dépêches de Maghreb Arab Press (MAP), l’agence officielle marocaine. 
Le Maroc n’hésite pas non plus à financer des sites mauritaniens qui relaient ouvertement la propagande et les « faits d’armes des groupes terroristes au Nord-Mali à l’image de Sahara Media– le titre est choisi précisément pour faire l’amalgame avec le Sahara algérien et le Sahara occidental -animé selon une enquête du journal mauritanien Al Bayane, par un ancien correspondant de la MAP au temps ou elle était dirigée par l’actuel patron des services de renseignement marocains. Ce site outre sa mission de dénigrer toutes les activités du Polisario s’est particulièrement distingué lors de l’attaque terroriste contre Tigentourine, en relayant en live l’action terroriste. Ces infos « exclusives » recueillies en live auprès des assaillants terroristes ont largement été relayées, contre toute éthique par le Bureau algérois de l’Agence France presse. 
Sur un autre plan et alors qu’il est régulièrement vilipendé par les institutions internationales du domaine le Maroc utilise le thème des droits de l’homme pour s’en prendre aux dirigeants sahraouis. Amnesty International et Human Rights Watch -pourtant vilipendés par le Maroc sur d’autres thématiques internes au pays- sont appelés en renfort pour évoquer la situation dans les camps de refugiés sahraouis. Mais selon des journalistes marocains l’impact de cette offensive numérique de charme est fortement improductif car le royaume de Mohammed VI n’a pas bonne presse sur le Web. Maroc Telecom, le principal fournisseur d’accès à Internet, joue les censeurs à tout bout de champ.
Cette surveillance tatillonne qui s’exerce aussi sur les réseaux sociaux fait figurer le Maroc parmi les pays qui martyrisent le plus régulièrement leur blogosphère. Pire que cela, la multitude de sites qui font l’apologie des vues de Rabat sur le conflit est le plus souvent référencée par Google ou d’autres moteurs de recherche comme… des messages publicitaires. Alors ne vous étonnez pas en lisant votre quotidien national de voir apparaître une pub intempestive vantant les charmes d’un hôtel à Dakhla, dans les territoires sahraouis occupés, ou aucun touriste ne met les pieds et a fortiori des touristes nationaux ! 
Ces sites, dont les promoteurs sont souvent anonymes, sont financés par un budget important versé par des officines de l’État marocain qui leur assure certes un référencement, mais trahit à l’évidence leur vocation de propagandistes zélés du Royaume enchanté.
Mokhtar Bendib

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