Le président français, François Hollande, se rendra en visite d’État au Maroc les 3 et 4 avril 2013, a-t-on appris dans la capitale française. Cette visite est présentée comme le pendant de celle qu’a effectuée le chef de l’État français en Algérie qui avait permis d’asseoir une relation bilatérale un tant soit peu saine entre les deux pays. D’ailleurs dès l’annonce de la visite de François Hollande à Alger, qui constituait la première sortie d’État du nouveau locataire de l’Élysée Mohammed VI se précipitait des le 24 mai 2012 à Paris pour être le premier chef d’État étranger à être reçu à l’Élysée, quelques jours à peine après l’élection de François Hollande à la présidence. À l’issue de cet entretien, le chef de l’État français avait “salué le processus de réforme démocratique, économique et sociale en cours dans le royaume, à l’initiative du roi Mohammed VI”.
“La France se tient au côté du Maroc dans la voie qu’il a choisie de modernisation économique et d’approfondissement de l’État de droit », avait indiqué l’Élysée dans un communiqué.
Depuis la réussite de la visite d’État en Algérie de François Hollande et de la nouvelle relation établie entre deux pays condamnés à s’entendre sur des bases nouvelles, le Maroc a fait activer ses lobbies pour que Paris maintienne sa relation privilégiée avec Rabat et surtout continue d’appuyer l’occupation coloniale du Sahara occidental et l’artifice de la pseudo-solution d’autonomie. À Alger, François hollande s’est bien gardé d’apporter son appui à cette solution et s’est démarqué de la position de ses prédécesseurs en appuyant fortement les résolutions des Nations unies qui recommandent toutes, sans exception, le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.
Depuis, Paris joue une politique de Funambule et aussi bien la diplomatie française que la présidente de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale française, Elisabeth Guigou, native du Maroc et l’une des chefs de file déclarée du Lobby marocain en France ont remis sur la table cette pseudo solution qu’aucun État et encore moins les Nations unies ne reconnaissent comme exclusive. Qui plus est au cours de sa visite officielle au Maroc en décembre dernier, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault est revenu à la charge pour assurer que «le partenariat entre la France et le Maroc est singulier et n’a rien à craindre d’un dialogue plus étroit entre Paris et Alger». Interrogé par ailleurs sur la question du Sahara occidental il avait répondu, selon la presse marocaine soutenir «le plan d’autonomie».
D’un autre côté, et alors que le verdict scandaleux de la justice militaire marocaine dans le procès des prisonniers politiques sahraouis de Gdeim Zik continue de susciter indignation et réprobation à travers le monde, la France officielle, et en particulier sa diplomatie partisane continue imperturbablement à tourner le dos à l’histoire et à «appuyer» le plan néocolonial du Maroc dit plan «d’autonomie». Encore une fois, Paris est le seul pays européen à appuyer ce plan mort-né au moment ou Christopher Ross, l’émissaire onusien récusé en vain par le Maroc est à la recherche d’une solution juste et durable sous l’égide des Nations unies, et ce conformément aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. Ces même résolutions auxquelles se réfère la position française et qui réaffirment toutes sans exception le droit à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple sahraoui.
Ainsi, le double jeu de la France et de ces diplomates si sourcilleux de ménager le Maroc, qui soigne son image a coups de prébendes, continue en dépit des défaites diplomatiques majeures que Rabat a essuyées au sein même de la capitale française. Pour rappel, chef de l’État français, François Hollandelors de sa visite d’État en Algérie a exprimé une position nouvelle qui donne l’impression en apparence d’une évolution de la France dans le règlement juste de la question du Sahara occidental.
On attendra donc la visite de Hollande à Rabat et son discours devant le Parlement marocain pour se faire une idée précise de la position de la France sur le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, au moment où le Maroc fait feu de tout bois pour déstabiliser l’Algérie et cherche à travers le dossier malien à se présenter comme recours et pôle de stabilité au Maghreb.
M. B.
Le Courrier d’Algérie, 09/03/2013
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