Rabat n’a pas peur du scandale! Une délégation de parlementaires européens qui devait s’informer sur l’état des droits de l’homme dans les territoires occupés par le Maroc a été refoulée le 6 mars de l’aéroport de Casablanca. Les Quatre députés européens et les cinq assistants parlementaires qui les accompagnaient étaient «persona non grata». L’ambassadeur marocain à Bruxelles affirme les avoir avertis. Les eurodéputés ont indiqué qu’ils étaient déjà dans l’avion lorsque le message leur est parvenu. Le qualifiant de «chef-d’oeuvre de mauvais comportement diplomatique». L’accueil était digne de celui réservé par les régimes totalitaires.
«Les ordres viennent d’en haut» leur ont froidement signifié les agents chargés de leur expulsion. Les élus européens victimes de cette «mésaventure» sont sous le choc. Touchés dans leur amour-propre, ils ont dénoncé cette décision des autorités marocaines. «humiliante», «inacceptable» ont-ils clamé à l’unisson, lors d’une conférence de presse organisée dans l’enceinte du Parlement européen. La réaction est vive. Les mots sont durs.
A la hauteur d’un tel comportement. C’est un «mépris totalitaire des normes démocratiques de la part des autorités marocaines» s’est indigné Ivo Vajgl, député slovène du groupe Alde (centre droite). «Dans ma carrière de diplomate et actuellement d’eurodéputé, je n’ai jamais vu un tel comportement», a-t-il tenu à souligner, exaspéré. «La question sahraouie est très présente au Parlement européen dans la mesure où plusieurs résolutions ont été votées pour dénoncer la violation des droits de l’homme au Sahara occidental et au Maroc» a indiqué le parlementaire européen. C’est de cela justement que le Makhzen ne veut point entendre. En décidant de faire barrage sans ménagement à la délégation européenne venu s’enquérir des conditions des droits de l’homme dans les territoires occupés du Sahara occidental, il a fait un pas de plus dans la provocation. Il défie la communauté internationale sur la question du respect des droits de l’homme et épingle à son tableau de chasse, le Parlement européen.
L’Europe lavera-t-elle un tel affront? Les eurodéputés refoulés de l’aéroport de Casablanca ont demandé à ce que l’ambassadeur du Maroc à Bruxelles «soit interdit d’aller au Parlement européen». L’Union européenne (UE) «ne peut rester indifférente face à cette expulsion arbitraire de ses députés et face à cette marque de mauvaise foi d’un pays qui s’est engagé à respecter les droits et qui reçoit l’aide de l’UE en conséquence» a déclaré Mohamed Sidati, ministre sahraoui délégué pour l’Europe.
Le pouvoir marocain vient de mordre la main dans laquelle il se nourrit. Il ne réprime pas que les militants des droits de l’homme sahraouis. Il peut aller plus loin dans sa folle démarche qui fait fi du droit international. Quatre députés et cinq assistants parlementaires européens viennent de l’apprendre à leurs dépens. Ils sont scandalisés. L’Espagnol Vincent Ramon du groupe socialiste européen, a relevé l’ «extrême gravité de l’acte». Une attitude «choquante, inadmissible et inacceptable», a estimé à son tour l’élue suédoise, Isabella Lavin, du groupe des Verts européens… Des réactions qui augurent d’une réponse appropriée à la «gifle» marocaine… Le Makhzen avance en terrain miné. Strasbourg n’est pas Rabat. Il ne tardera probablement pas à s’en rendre compte..
Mohamed Touati
L’Expression, 09/03/2013
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