Quand l’Algérie empêche le Makhzen de dormir

Quand le Maroc va mal ou qu’il affiche pâle figure à l’étranger pour ses «prouesses» en matière de violation des droits de l’Homme contre ses compatriotes ou contre les Sahraouis, le fusible Algérie est tout indiqué pour sauter. C’est ce qu’il vient de faire en fin de semaine en convoquant rien moins qu’un séminaire sur «la politique algérienne concernant le Sahara occidental». 
N’ayant sans doute pas apprécié la dénonciation algérienne du procès des 24 détenus sahraouis, qui a rempli le Maroc d’opprobre au niveau international, le makhzen a organisé au pied levé une journée d’étude dédiée au «bilan et perspectives du modèle du développement régional des provinces». L’objectif étant de montrer, et si possible démonter – mission difficile- que les territoires qu’il occupe du Sahara occidental constitue un modèle de développement social et économique. Un chantier d’Hercule quand on connait les souffrances des Sahraouis… Une mission qu’il a confiée au conseil économique social et environnemental (CESE) sous forme de journée d’étude organisée mercredi dernier à Rabat. 
Mais au delà du souci de prouver ( ?) que le makhzen s’occupe bien des Sahraouis, les séminaristes étaient surtout invités à examiner, «la politique algérienne concernant le Sahara marocain» ! A croire que l’Algérie empêche à ce point son «ami» le roi de dormir… Cette journée d’étude aussi officielle que solennelle devait ainsi servir de tribune pour mettre en évidence, chiffres à l’appui, le grand développement de «nos provinces du sud». Face à la vague de dénonciation internationale des conditions de vie dans les territoires occupés et le pillage des ressources du peuple sahraoui, il fallait en effet donner un coup de pinceau à un tableau bien sombre du makhzen. Cette trouvaille est destinée à vendre un état des lieux clinquants dans les territoires occupés même si la réalité est tout simplement invivable. 
Le Polisario bloque l’accord agricole avec l’UE 
Le Maroc pense ainsi pouvoir manipuler les organismes internationaux des droits de l’Homme pour faire avaler son plan d’autonomie. Le président du conseil économique, social et environnemental (CESE) M. Driss Guerraoui a ainsi fixé les termes du débat qui devaient s’articuler autour de «l’approche économique, sociale et culturelle pour faire face aux tendances séparatistes». Et comme il fallait s’y attendre, les interventions se sont fait un point d’honneur d’après les comptes rendus de souligner le «rôle négatif». Ils ont aussi dénoncé à loisir «les thèses algériennes basées sur la désinformation». 
En revanche, les bons sujets de sa majesté M6, ont monté en épingle «l’expérience marocaine qui a prouvé que la différence culturelle, linguistique et ethnique n’a jamais été un obstacle à l’unité nationale». Le président du CESE, Driss Guerraoui en profité pour louer «les efforts consentis par le Maroc», pour le développement des provinces du sud qui ont donné lieu d’après lui, à «des indices sociaux qui comptent parmi les meilleurs à l’échelle nationale». A la bonne heure pour les Sahraouis ! Sauf que, dans un moment d’égarement réaliste, le même responsable a concédé «qu’il y a encore «nombre de défis fondamentaux restant à relever» dans ces provinces. 
Driss Guerraoui a évoqué notamment «le taux de chômage parmi les jeunes et les femmes ayant un niveau d’études moyen ou supérieur». De quoi détruire tous les arguments fallacieux débités tout au long de la journée d’étude… Il est vrai que le recours déposé par le Polisario sur l’accord agricole Maroc-Union Européenne semble avoir donné des frissons au makhzen. Surtout que c’est un avocat franco- algérien qui s’est occupé de le défendre.
Hamid Merakchi
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