Le Front Polisario a «dénoncé» cette semaine l’attitude d’un journaliste marocain d’Al Jazeera Sport, Jaouad Badda, qui avait prononcé des slogans à caractère politique, favorisant la position de son pays dans le conflit du Polisario.
Les membres du Front Polasario ont exprimé leur inquiétude de «l’enthousiasme excessif» du commentateur, notamment après que le joueur marocain eut marqué le deuxième but en criant: «Tout le public marocain, de Tanger à Lagouira, est heureux de ce but magnifique», l’expression que Jaouad Badda a répétée plusieurs fois, pour afficher l’extension territoriale du Maroc sur tout le Sahara occidental.
Comme chacun le sait, l’Afrique du Sud est le deuxième pays après l’Algérie à reconnaître officiellement l’existence de la Rasd (République arabe sahraouie). Une reconnaissance politique qui a été très mal vue par le Maroc, ce qui a déteint sur les relations maroco-sud-africaines. Le Maroc avait quitté l’Union africaine suite également à l’admission par une partie des ses membres de la délégation du Rasd, et le Maroc avait même coupé avec certains pays africains. Mais l’Afrique du Sud avait apporté, en plus de son soutien politique, son appui militaire puisque des armes et des instructeurs ont été envoyés au gouvernement sahraoui. Il faut dire que le football reste le sport le plus politisé de tous les sports. Il était presque inadmissible d’être éliminé de la CAN mais pour les Marocains il était plus terrible d’être éliminé par les Sud-Africains qui avaient soutenu le peuple sahraoui.
Le Polisario a protesté officiellement auprès d’Al Jazeera exigeant que le commentateur soit éloigné des micros et qu’Al Jazeera Sport présente des excuses à ses téléspectateurs. Mais les Marocains ne sont pas les seuls à faire de la politique durant cette CAN. Les Français ont soutenu et porté l’équipe du Mali durant toute la compétition. Le hasard des choses a fait que ce soit le Mali qui écarte le pays organisateur et cela curieusement en plein voyage officiel du président français François Hollande. Tout au long de la CAN, les journalistes français et les commentateurs de Canal+ ont supporté l’équipe du Mali comme si c’était les Bleus. L’entraîneur français Carteron est devenu le sauveur du Mali sur un terrain de football comme Hollande l’a été sur un terrain militaire.
Derrière chaque match, la politique n’est pas loin ou presque. Les commentateurs français ont soutenu les équipes issues des anciennes colonies françaises en Afrique. Comme La Côte d’Ivoire, le Mali, le Burkina Fasso et le Togo, alors que les commentateurs français ont été très distants et froids envers les équipes anglophones comme le Ghana, le Nigeria ou encore l’Afrique du Sud. Les commentateurs ont eu un faible pour la modeste équipe du Cap Vert, pour la simple raison que l’équipe possède un joueur qui porte le nom de Platini.
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L’EXPRESSION, 7/2/2013