Mohammed VI n'a pas tenu ses promesses

Alors que 24 détenus sahraouis devaient comparaître depuis hier devant un tribunal militaire, l’ONG américaine Human Rights Watch souligne et pointe du doigt la répression, les détentions abusives et les procès inéquitables.
Le conflit du Sahara occidental revient sous les feux de la rampe au moment où la région demeure sous la menace d’actions terroristes aussi dramatiques que spectaculaires à l’instar de celle qui a ciblé le site gazier de Tiguentourine à In Amenas dans la wilaya d’Illizi.
Les réformes annoncées concernant l’amélioration de la situation des droits de l’homme au Maroc ne sont-elles que de la poudre aux yeux? Les promesses faites en ce sens ne sont apparemment que du «blabla» si l’on se fie aux déclarations de la directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch.
«Les Marocains attendent toujours une amélioration tangible de la situation des droits humains, un an après l’adoption d’une nouvelle Constitution, l’élection d’un Parlement et la formation d’un gouvernement dominé par les islamistes», a fait remarquer Sarah Leah Whitson. Que se passe-t-il au Royaume chérifien? Pendant que les ministres parlaient de réformes: «Les tribunaux ont emprisonné des dissidents en vertu de lois répressives réduisant la liberté d’expression et suite à des procès inéquitables», souligne HWR qui a passé à la loupe, dans son rapport 2013, la question du respect des droits humains dans plus de 90 pays.
Pour en arriver à ce constat, l’ONG américaine a mentionné que la police a fait usage d’une force «excessive contre des manifestants et violé les droits de migrants, tandis que les partisans d’une autodétermination du Sahara occidental ont continué à être réprimés.» Le rapport cite des cas concrets de violation des droits humains. «Au Maroc, les personnes emprisonnées pour avoir exercé leur droit à s’exprimer librement comprennent le journaliste Rachid Nini, qui a passé un an en prison pour ses écrits, le rappeur Mouad Belghouat qui purge actuellement sa peine d’une année pour une chanson critiquant la police et 22 Sahraouis (24 détenus politiques sahraouis, Ndlr) qui ont déjà passé plus de deux ans en détention provisoire, loin de l’endroit où ils vivent, pour une affaire à coloration politique», relève le document de 665 pages. C’est dans ce contexte que s’ouvre aujourd’hui, à Paris, la Conférence internationale sur le Sahara occidental à laquelle prend part l’Algérie alors que Christopher Ross, l’envoyé spécial de l’ONU pour le Sahara occidental a rencontré mardi, à Washington, de hauts fonctionnaires du département d’État américain avant de s’envoler mercredi pour Moscou qui constitue la première escale d’une tournée de consultations qui doit le mener successivement en France, en Espagne, au Royaume-Uni, en Allemagne et en Suisse.
Cette «navette diplomatique» qui s’achèvera le 15 février a pour objectif de rechercher «une solution juste, durable et mutuellement acceptable au conflit, qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental», a déclaré le représentant personnel du SG de l’ONU pour le Sahara occidental
Le procès du groupe de Gdeim Izik

Il concerne 24 détenus politiques sahraouis qui croupissent à la prison locale de Salé (ville jumelle de Rabat), depuis l’assaut lancé le 8 novembre 2010 par les forces de répression marocaines contre le camp de Gdeim Izik près d’El-Ayoun alors qu’ils ne faisaient que «défendre leurs droits politiques, économiques et sociaux». Leur procès s’est ouvert hier devant le tribunal militaire de Rabat après avoir été reporté à deux reprises: le 13 janvier et le 24 octobre 2012. Ils risquent la réclusion à perpétuité. Leurs familles s’inquiètent. «Nous demandons à ce que les principes du droit international soient imposés dans le dossier du groupe de Gdeim Izik puisqu’il s’agit de détenus politiques qui ont exprimé des revendications par rapport à la question sahraouie qui est gérée par l’Organisation des Nations unies», a déclaré le porte-parole de la coordination des familles de prisonniers sahraouis, Mustapha El Machdoufi, dans une conférence de presse organisée au siège de l’Amdh, l’Association marocaine des droits humains. «Le procès des détenus politiques sahraouis arrêtés suite à l’attaque militaire marocaine contre le camp de Gdeim Izik s’assimile aux pratiques du régime d’apartheid en Afrique du Sud, mais se passe au début du XXIe siècle» avait déclaré le président sahraoui Mohamed Abdelaziz, lors de la 20e session ordinaire du Sommet de l’UA, qui s’est tenu les 27 et 28 janvier 2013 à Addis-Abeba.
Des observateurs internationaux, européens se sont rendus en force à ce procès: une trentaine d’avocats et militants des droits de l’homme, venus d’Espagne, de France, d’Italie, de Suède, de Grande-Bretagne et du Luxembourg. Ils suivent de près ce dossier et ont affirmé qu’«un renvoi sans audience équivalait à un déni de justice». Sera-t-il réparé? La balle est désormais dans le camp du Makhzen… La sentence sera sans appel…
L’EXPRESSION, 2/2/2013

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