Le retournement presque brutal de la conjoncture internationale défavorisant de plus en plus le Maroc au Sahara pousse ce dernier à vouloir conclure coûte que coûte un accord de pêche avec l’Union européenne, qui lui donnerait l’occasion de relancer la France et l’Espagne sur des positions basées sur ses points de vue, profitant d’une conjoncture de crise aigue qui touche l’Europe. Alors que le gouvernement de droite d’Espagne et surtout celui de la France de gauche expriment de plus en plus leur réserve par rapport à leur tradition de soutien infaillible au Maroc, le régime alaouite mène une offensive diplomatique sans égale pour relancer l’accord de pêche, bloqué par le Parlement européen il y a de cela un an, et qui lui permettra d’englober les eaux du Sahara occidental et donc d’asseoir sa légitimité sur un territoire disputé depuis 37 ans avec le Front Polisario.
Mais des pays expriment encore leurs réserves. Le Royaume-Uni continue d’appeler le Maroc à fournir des « preuves que le peuple du Sahara occidental bénéficie des retombées de l’accord de pêche conclu avec l’UE «, a déclaré le ministre britannique chargé du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, Alistair Burt. M. Burt, qui répondait à une question écrite du député Paul Flynn, a fait part du soutien du Royaume-Uni aux efforts déployés par l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, Christopher Ross, visant à exhorter le Maroc et le Front Polisario à traiter la question de l’exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental.
Commentant la déclaration de M. Burt, le représentant du Font Polisario à Londres, Limam Mohamed Ali, a déclaré que des négociations sont en cours entre le Maroc et l’UE pour le renouvellement de l’accord de pêche qui a été rejeté par le Parlement européen, du fait qu’il ne respecte par le droit international.
« Nous demandons tout simplement l’exclusion des eaux territoriales du Sahara occidental de cet accord, car il contribue au prolongement du conflit entre les deux parties «, a-t-il dit.
WSRW dénonce une «violation du droit international»
Le pillage des ressources naturelles du Sahara est régulièrement dénoncé par la Western Sahara Resource Watch (WSRW), une association qui surveille les ressources naturelles de ce territoire. Cette association a reçu une subvention de l’organisation suédoise de solidarité avec le peuple sahraoui, de l’ordre de 65 700 couronnes suédoises (environ 7 500 euros) pour soutenir le travail de la WSRW en 2013 Son président, Erik Hagen, a affirmé qu’»en refusant de faire participer le peuple sahraoui aux négociations sur l’accord de pêche avec l’Union européenne (UE), le Maroc viole le droit international et sape les efforts de paix déployés par l’ONU «.
Il a précisé que «le Maroc n’est pas en position de négocier avec l’UE sur l’accord de pêche, dans un territoire qui n’est pas marocain», indiquant par ailleurs que l’aide financière sera utilisée par WSRW pour tenter d’arrêter l’accord commercial entre le Maroc et l’UE qui couvre le territoire occupé du Sahara occidental».
Le PE avait bloqué le 14 décembre 2011 l’accord de pêche en vigueur depuis 2007 qui permettait à quelque 120 navires de pêche européens de pêcher dans les eaux du Sahara occidental en échange d’une contrepartie financière de l’UE de 36,1 millions d’euros annuels, et de redevances payées par les armateurs en fonction des captures.
Le Jeune Indépendant, 22/12/2012
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