Depuis que les tambours de la guerre ont commencé à battre au Nord-Mali, Alger, la Mecque des Révolutionnaires est devenu aussi la Mecque des pays les plus puissant du monde. Sur sa passarelle ont défilé des personnalités jusque-là inattendues, telle que la Secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton. Qu’est-ce qui est arrivé pour que ce pays, jusque-là diabolisé par l’Occident, soit si prisé?
En ces temps de crise, l’Occident a besoin de réanimer l’économie du Maghreb, le plus proche voisin de l’Europe, une région qui subit les retombées de la crise financière européenne et mondiale. Au moment où le Maroc et la Tunisie voient la demande de leurs produits agro-alimentaires et autres produits manufacturés en baisse, une diminution des rentrées touristiques et des transferts de leurs travailleurs résidant en Europe, l’Algérie, grâce aux exportations d’hydrocarbures, jouit d’un matelas de plus de 200 milliards de dollars.
La France, qui jusque-là a tout fait au Conseil de Sécurité pour bloquer une solution juste et équitable au problème du Sahara occidental, arrive en tête des pays qui veulent profiter du marché algérien. Le même pays qui, depuis 37 ans, attise le feu aux frontières occidentales de l’Algérie sollicite aussi l’aide de l’ennemi d’hier pour mettre fin à la situation chaotique au Mali. Du jour au lendemain, Paris semble oublier un passé de 50 ans de mépris et de méfaits. La raison de cette soudaine amnésie, l’économie française qui vient de perdre un A par l’agence Moody’s et ses intérêts menacés au Sahel à cause de la prolifération d’armes circulant librement comme conséquence de la diplomatie guerrière de Nicolas Sarkozy.
Ban Ki-moon, conscient de la nouvelle configuration, compte tirer le maximum de profit pour mettre fin à un conflit qui n’a que trop duré. Celui du Sahara Occidental. C’est la raison pour laquelle il tient à son Envoyé Spécial pour le Sahara Occidental, Christopher Ross. Celui-ci, après une tournée dans la région, vient de s’exprimer.
Dans la situation dangereuse que traverse la région du Sahel, il est devenu, pour lui, urgent de résoudre ce conflit. » Et cela est possible, a-t-il dit, s’il existe une volonté réelle d’engager le dialogue et de faire preuve de compromis pour trouver une solution acceptable par tous. […] Et s’il est tentant pour certains d’affirmer qu’il est trop risqué de relancer les efforts de paix et que le statu quo garantit, au moins, la stabilité, je suis convaincu, a-t-il ajouté, que cela serait une erreur grave […] » . L’allusion au Maroc qui refuse de discuter sur la perspective de l’autodétermination, est claire.
Ainsi, M. Ross a voulu rappeler haut et fort à la communauté internationale que la question du Sahara occidental constitue aussi une autre priorité dans l’ensemble des changements traversés par la vaste région du Sahara. Qu’il n’est pas question de concentrer toute l’attention sur le Sahel et oublier le Sahara Occidental. C’est le message transmis par les autorités algériennes au diplomate américain.
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