Relations algéro-marocaines : Le nouvel impair de Rabat

Les relations algéro-marocaines traversent de nouveau la zone de turbulences. Et comme cela a toujours été le cas, c’est la partie marocaine qui en est à l’origine.
Le ministre délégué aux Affaires étrangères, Youssef Amrani, s’est en effet illustré ces deniers jours par des propos dénués de tout fondement sur une question brûlante encore en suspens entre les deux pays. Evoquant la question des expulsés algériens du Maroc et des Marocains d’Algérie,Youcef Amrani a laissé clairement entendre que le gouvernement algérien a «spolié» des milliers de Marocains de leurs biens en Algérie et ne les a pas indemnisés depuis. Répondant à une question orale d’un groupe de députés de son pays, ce ministre délégué marocain a voulu faire porter le chapeau à l’Algérie qu’il accuse, au nom de son pays, de tergiverser dans le règlement de cette question. «Un groupe de travail maroco-algérien avait été mis en place à cet effet et le Maroc a présenté à la partie algérienne toutes les listes, documents justificatifs nécessaires à l’appui, mais cette commission, après deux réunions, a été suspendue sur décision algérienne», a-t-il indiqué notamment.
Cette question des expulsés des deux pays remonte, pour rappel, à l’année 1975 lorsque a éclaté l’affaire du Sahara occidental et l’annexion de ce territoire par le Maroc alors qu’il était sous domination espagnole à l’époque. Le défunt roi du Maroc, Hassan II, a lancé alors des centaines de milliers de Marocains en direction de ce territoire qu’il considérait comme territoire marocain. L’Algérie s’est élevée contre cette invasion déguisée du Sahara occidental alors que ce dossier était déjà pris en mains par l’ONU. Les relations entre les deux pays se sont profondément détériorées e c’est dans ce contexte de crise que des milliers d’Algériens ont été expulsés du Maroc et des Marocains d’Algérie. A l’évidence, ces allégations du ministre marocain sont loin de refléter la réalité puisque ce ne sont qu’un tissu de mensonges, comme ne cessent de l’affirmer les autorités algériennes. Car l’Algérie a toujours œuvré en faveur d’une solution à ce problème et c’est la partie marocaine qui est derrière le blocage. Ce sont ainsi les Marocains, contrairement aux déclarations de Youcef Amrani, qui entravent l’avancée des travaux du groupe de travail conjoint qui a été mis en place il y’a de nombreuses années. 
Ce blocage s’expliquerait aisément car ce sont les ressortissants algériens qui étaient les grands perdants dans cette crise. Pour les autorités algériennes, comme cela vient d’être rappelé par le porte- parole du ministère des Affaires étrangères, des centaines d’Algériens ont été expulsés du Maroc et leurs biens ont été expropriés sans indemnisations. C’est en effet à la faveur d’un dahir royal que des milliers d’hectares de terre agricoles et des centaines de biens immobiliers appartenant a des algériens ont été «nationalisés» sans indemnisation. Les Marocains qui ont quitté l’Algérie ne sont pas pour la plupart des propriétaires des biens qu’ils occupaient. En effet, selon les précisions du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, la majorité de ces Marocains n’était pas constituée de propriétaires de biens personnels en Algérie, mais de locataires de biens appartenant à l’Etat ou à des tiers. 
On comprend dès lors pourquoi le Maroc, qui s’est pourtant engagé dans le cadre d’une commission conjointe installée à cet effet à résoudre cette question sur la base de la réciprocité. Or, depuis 2004 le Maroc n’a pas tenu ses engagements et fait dans la fuite en avant en essayant de faire endosser la responsabilité à la partie algérienne. Cette nouvelle «escalade» marocaine intervient dans un contexte politique particulier marqué notamment par la récente visite de Christopher Ross, l’envoyé specila de l’ONU pour le Sahara occidental, dans la région. Rabat, qui refuse pourtant toujours aux Sahraouis le droit à l’autodétermination, ne cesse d’accuser Alger d’être à l’origine du blocage de la question du Sahara occidental. Cette sortie du ministre marocain, Youcef Amrani, prouve s’il en est encore besoin que le Maroc est loin de vouloir améliorer ses relations avec son voisin de l’Est et ce, au moment ou , à la faveur des visites effectuées de part et d’autre par les ministres des deux pays, d’aucuns ont cru que la page des rapports tumultueux entre les deux pays a été définitivement tournée. Et cela pourrait fort bien ressembler à un retour à la case départ.
Par : Kamal Hamed
Le Midi Libre, 17/11/2012

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