Répondant indirectement au discours guerrier du souverain marocain , devenu coutumier du double langage à chaque fois qu’il évoque le dossier du Sahara occidental, pris en charge par L’ONU dont il vient pourtant de recevoir l’émissaire, le Président Abdelaziz, tout en intervenant à l’occasion de la commémoration du soulèvement historique de Gdeim Izik, près de Laâyoune occupée, a réitéré la détermination du peuple sahraoui à lutter par tous les moyens légitimes en sa disposition pour «arracher ses droits à la liberté et à l’indépendance».
«L’intransigeance, l’arrogance et l’intimidation auxquelles recourt le régime marocain ne sont que des signes d’échec qui ont toujours accompagné l’invasion et la colonisation à travers l’histoire», a estimé le Président sahraoui. Il a réaffirmé que le peuple sahraoui «rejette catégoriquement la proposition marocaine d’autonomie», ajoutant que «toute solution ne tenant pas compte du droit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental est vouée à l’échec». Ce faisant, il a rendu un hommage à la résistance pacifique au Sahara occidental, notamment au groupe de militants sahraouis du camp Gdeim Izik qui croupit depuis deux ans sans jugement à la prison de Salé (Maroc) et qui mène depuis deux jours une grève de la faim pour «revendiquer sa libération immédiate et son droit à un procès équitable devant un tribunal civil».
Le Président sahraoui a exigé la libération de tous les prisonniers politiques sahraouis qui se trouvent encore dans les prisons marocaines, dont certains sont condamnés à de lourdes peines d’emprisonnement, comme le cas de Mohamed Elhafed Laâza qui purge une peine de 15 ans de prison ferme. Tout comme il a demandé l’arrêt du pillage des ressources naturelles du peuple sahraoui, et la mise en lumière sur le sort des disparus sahraouis au Maroc.
À propos du discours du roi du Maroc qualifié de «décevant» le gouvernement sahraoui relève le satisfecit donné par le roi à ses forces de répression dans les territoires occupés du Sahara occidental, les «incitant à l’oppression des Sahraouis». «Le gouvernement sahraoui exprime ses regrets face à cette position coloniale confirmée par le roi du Maroc», indique le gouvernement sahraoui qui relève que ce discours constitue «un encouragement et une incitation à la répression, à l’oppression, aux violations des droits de l’homme et à l’assassinat des civils sahraouis sans défense».
Le gouvernement sahraoui a attiré, par la même occasion, l’attention de la communauté internationale sur la «répression brutale perpétrée par les forces marocaines dans les zones occupées du Sahara occidental durant et après la visite de Christopher Ross». Il estime en outre que le discours du roi du Maroc «est une fuite en avant, afin de semer la confusion en essayant d’inclure d’autres parties au conflit pour leur position conforme à la légalité internationale ayant défini les parties au conflit, à savoir le Front Polisario et le Maroc».
À contre-courant de l’histoire et faisant preuve d’une rare duplicité, M6 demande à la communauté internationale à «mettre un terme au drame enduré par les « séquestrés à Tindouf, à l’intérieur du territoire algérien, où sévissent, dans toute leur cruauté, la répression, la coercition, le désespoir et les privations, en violation flagrante des droits humains les plus élémentaires». Un discours indigne d’un gouvernant dont le discours propagandiste intervient précisément au lendemain de la visite dans les camps de refugiés sahraouis de l’envoyé spécial du SG de L’ONU , à qui ce même souverain a retiré sa confiance pour finalement la lui renouveler et le recevoir sur injonction des États-Unis , pour lequel et avec le départ annoncée de Hillary Clinton , bienveillante à l’égard de la politique coloniale du Maroc au Sahara occidental , la solution fallacieuse de l’autonomie n’a aucune crédibilité. Même François Hollande n’y croit plus à l’inverse de son appareil diplomatique et lui faudra beaucoup d’autorité pour faire que le Quai d’Orsay, abandonne sa position aveugle de soutien inconditionnel au Maroc et observe un minimum de neutralité.
À Alger, on se réveille enfin et on estime dans des déclarations de hauts responsables qui se confinent derrière l’anonymat et cités par un confrère que le monarque marocain «a été trop loin cette fois». «Nous le disons calmement, sans virulence et loin du ton réquisitorial auquel on nous a habitués, c’est bien le Maroc qui a torpillé le processus de normalisation des relations entre nos deux pays alors que nous étions engagés dans une dynamique constructive visant à assainir nos relations bilatérales.» a déclaré ce haut responsable qui relève que les propos du roi, interviennent dans un contexte marqué par un début de remise à flot des relations via un échange de visites ministérielles. Mieux encore, et pour une fois, ce haut responsable révèle que l’Algérie était prête à aller jusqu’à la réouverture des frontières comme point d’orgue d’une normalisation totale des relations avec le Maroc. Même si on ne voit pas très bien le lien qui est fait avec la réouverture des frontières l’Algérie ayant à chaque fois que le dossier sahraoui est un problème de décolonisation, pris en charge par l’ONU et qui ne saurait interférer avec une normalisation des relations bilatérales que le Maroc veut à son seul profit.
Comment peut-on parler côté marocain de normalisation au moment où le Maroc laisse délibérément agir des trafiquants de drogue , quant il ne les supervise pas pour inonder le territoire national. Selon des statiques récentes, les quantités saisies dépassent le fait de trafiquants individuels, ce qui laisse penser en nous forçant même à nous interroger sur ceux qui sont derrière cette agression menée à large échelle que c’est un appareil d’État qui est derrière ces opérations dont il tire d’énormes financements pour ces besoins d’opérations de déstabilisation de l’Algérie et d’achats de complaisance dans le dossier sahraoui , jusqu’à un lobby pro-marocain qui se fait de plus en plus agressif, et qui cherche à donner de la voix dans certains organes de Presse nationaux.
Mokhtar Bendib
Le Courrier d’Algérie, 12 nov 2012
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