Hier encore, plusieurs sites Internet gouvernementaux et officiels ont été piratés. Il s’agit, entre autres, de sites d’institutions, d’agences, de partis politiques, de ministères… D’ailleurs même le portail du Premier ministre a été «victime» de cette attaque.
Ainsi, pendant une bonne période de la matinée, nombre de sites officiels, à l’instar de ceux de l’Agence nationale de l’amélioration et du développement du logement (AADL), du Front de libération nationale (FLN), de la Radio algérienne… étaient tout simplement inaccessibles. Une tentative d’y accéder donnait une image d’un «crâne danger enturbanné du drapeau algérien» – ce qui laisse penser que le (s) hacker (s) est (sont) des Algérien(s) – et relativement un texte long qui fustige la presse algérienne, dénonce le chômage, notamment des diplômés, les dispositifs de création d’emplois, les contrats du pré-emploi, le système de quotas visant l’«épanouissement» de la femme… Et si l’on active le son, on entendra une musique rap avec des paroles désapprouvant la misère et les problèmes sociaux, mais aussi
économiques et politiques. Le piratage est signé «Nassim et le groupe de protection pour toujours…» Si quelques sites ayant fait l’objet de cette attaque ont été rétablis en début d’après-midi, à l’instar de celui de la Radio algérienne, d’autres affichent, à l’heure où nous mettons sous presse, la même image et le même texte, et diffusent la même musique. C’est le cas, en guise d’exemple, du site de l’AADL.
Avec cette énième attaque, dont on ignore les auteurs – le fait qu’elle soit signée par des pseudo algériens n’est pas, pour autant, une preuve qu’elle vient de l’intérieur du pays – prouve encore la vulnérabilité des sites officiels algériens.
Rappelons qu’à la fin de l’année passée, l’Algérie a été la cible d’une attaque cybernétique perpétrée par des hackers marocains. Plusieurs sites, dont celui de notre ambassade à Washington, ont été, en effet, piratés par des hackers qui se sont présentés comme des nationalistes marocains qui défendent l’idée que le Sahara occidental appartient au royaume chérifien. Les Algériens avaient certes riposté de la même façon, mais cela ne résout pas, convenons-en, les tares de nos systèmes informatiques et leur sécurisation.
De l’avis des spécialistes, il n’existe pas de programme spécifique à la sécurité informatique en Algérie. Révélant l’absence de chiffres y afférents, faute d’organisme dédié à cette fin, ils estiment hasardeux de parler de sécurité et de protection des données sans le développement réel des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans le cadre d’une politique cohérente et coordonnée entre les différents secteurs, ce qui n’est pas, assurent-ils, le cas. Rappelons que les études internationales classent l’Algérie parmi les derniers de la liste en matière d’accès aux TIC, mais aussi en sécurité informatique. Les mêmes spécialistes vont jusqu’à dire que l’infiltration, le piratage et l’espionnage des systèmes informatiques algériens menacent la sécurité de notre pays. La situation est encore plus inquiétante lorsqu’on sait que beaucoup de personnes utilisent des systèmes d’exploitation piratés et quand on sait également qu’il n’y a pas une stratégie nationale de sécurité informatique. Le recours à des étrangers pour l’installation et l’entretien des réseaux nationaux d’informatique, estime-t-on, expose nos installations à de multiples dangers, estiment des spécialistes en sécurité informatique.
Les Débats, 8 Nov 2012
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