Le Polisario appelle, pour la énième fois, la communauté internationale à assumer ses responsabilités au Sahara Occidental, c’est-à-dire protéger les civils, cibles des troupes marocaines dans les territoires occupés.
Jeudi, à Layoune occupée, les forces d’occupation, qui ont reçu 4.000 policiers en renfort, ont violemment dispersé une manifestation pacifique, organisée à l’occasion de la visite de Christopher Ross, la première depuis sa nomination en 2009. Bilan : plus de 40 blessés dont des militants reçus par l’envoyé onusien au siège de la Minurso. Leur crime ? Avoir marché à travers plusieurs quartiers de la ville arborant des drapeaux de la RASD et scandant des slogans en faveur du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.
«Cette intervention reflète la persistance du gouvernement marocain à intensifier ses méthodes répressives contre les civils sahraouis pacifistes et sans défense. Nous condamnons ces graves méthodes d’intimidation des civils dont leur seul délit est d’avoir exprimé pacifiquement le rejet de l’occupation marocaine du Sahara Occidental et appelé au droit à l’autodétermination de leur peuple», écrit Mohamed Abdelaziz, le président de la République sahraouie, dans une lettre à Ban Ki-moon. Le secrétaire général de l’ONU, qui sait que cette «répression» est dirigée contre son envoyé personnel, qui est déterminé à trouver une solution à ce conflit, basée sur le respect du droit des peuples à leur indépendance, laissera-t-il encore les pratiques coloniales se poursuivre dans un territoire qui relève de «sa» responsabilité ? Il en va de la crédibilité de l’institution. Surtout quand on sait qu’en 37 ans d’occupation, l’association des détenus et disparus sahraouis a recensé plus de 4.500 cas de disparitions forcées, 25.000 cas de détention abusive, 30.000 cas de torture et 1.550 procès injustes.
Le dernier rapport de l’association des détenus et disparus sahraouis fait état de plus de 1.300 cas d’assassinat de civils dont la majorité sont des femmes et des enfants ! «La visite de M. Cristopher Ross dans les territoires occupés signe la fin de la politique de bras de fer engagée entre la communauté internationale, représentée par le SG de l’ONU, les membres du Conseil de sécurité et le Maroc», affirme, cité par l’Agence de presse sahraouie, M’hamed Khedad, membre du secrétariat national du Front Polisario et coordinateur avec la Minurso. «M. Ross a pu constater la lutte pacifique que mènent les Sahraouis depuis des années», dira-t-il.
Djamel Boukrine
Horizons, 4 Nov 2012