PARIS – Des centaines de personnes se sont rassemblées lundi soir à Paris pour réclamer ’’vérité et justice’’ sur l’enlèvement en 1965 dans la capitale française de l’opposant marocain Mehdi Ben Barka.
Les manifestants ont déployé une large banderole verte sur laquelle était écrit en rouge : Maroc : La vérité, toute la vérité sur les disparus. Non à l’impunité.
Sur la banderole, confectionnée dans les couleurs de l’emblème marocain, apparaissaient les portraits de personnes disparues. Répondant à l’appel de l’Institut Mehdi Ben Barka, Mémoire Vivante le syndicat SNES û FSU, ils étaient rassemblés en silence devant la brasserie Lipp, lieu l’opposant marocain devait avoir un déjeuner avec le cinéaste Franju et un journaliste pour discuter de la réalisation d’un film sur la décolonisation.
47 ans après l’enlèvement du dissident marocain, sa famille est toujours en quête de vérité sur ce fait marquant de la vie politique du royaume et de l’ensemble des pays du Tiers monde, à une époque où l’opposant Ben Barka était perçu comme un leader des pays en voie de développement et un des penseurs du processus de décolonisation dans le monde.
Intervenant devant un parterre composé essentiellement de militants et d’organisations des droits de l’homme, de représentants de partis politiques français de gauche, du Mrap et de familles de disparus, son fils Bachir, a indiqué que le rassemblement que le ’’combat pour la vérité et la justice se poursuit pour exiger que cesse enfin la complicité des deux états marocain et français visant à occulter la vérité et continuer à protéger les auteurs et les complices de ce crime odieux’’.
Selon le président de l’Institut Ben Barka, le nouveau gouvernement marocain ’’ ne semble pas vouloir atténuer cette politique même s’il annonce vouloir instaurer l’état de droit et lutter contre la corruption’’.
Il a, à cet effet, fait part à l’APS de ’’nouvelles démarches’’ entreprises avec Me Maurice Buttin, avocat et ami de la famille Ben Barka, auprès des nouveaux dirigeants français pour faire la lumière sur le dossier de son père. ’’Nous espérons avoir un retour par rapport à ces démarches. Deux demandes principales doivent être traitées : la levée du secret-défense et faire parvenir les mandats d’arrêt internationaux à Interpol’’, a-t-il précisé.
Présent au rassemblement, Maitre Buttin a confirmé ces démarches s’abstenant, toutefois, de préjuger sur ’’l’importance ou pas’’ des documents frappés du secret-défense. ’’Nous souhaitons que ces documents dont nous ignorons la nature puissent nous faire avancer sur le chemin de la vérité’’, a-t-il dit.
Parmi les manifestants, était également, un portrait d’un disparu en évidence, le militant des droits de l’homme Rachid Manouzi dont le frère Hocine a été enlevé en 1972 en Tunisie.
Le secrétaire général de la Fédération euro-méditerranéenne contre les disparitions forcées (FEMED) a déploré, à cet effet, la ’’poursuite de la répression contre les militants des droits de l’homme au Maroc’’.
’’De nombreux militants sont systématiquement arrêtés dans des manifestations. Les disparitions forcées se poursuivent également pas dans le sens des années d’avant mais il existe toujours des disparus pendant des semaines, voire des mois avant d’être présentés à la justice’’, a-t-il signalé.
’’Une soixantaine de nom de disparus marocains ont été listés et dont les parents n’ont aucune nouvelle à ce jour. Nous continuons de demander aux autorités marocaines de faire la lumière sur ces cas’’, a ajouté l’opposant marocain, signalant que ’’cette semaine même, les familles des disparus se déplaceront à Genève encore une fois pour être reçues par le groupe de travail onusien contre les disparitions et déposer des dossiers à cet effet’’.
La FEMED regroupe 26 associations d’une douzaine de pays du pourtour méditerranéen, mues par le combat pour la justice te la vérité sur les disparus, et contre l’impunité.
En hommage à Mehdi Ben Barka, le plus emblématique des disparus, le 29 octobre a été décrété ’’journée du disparu’’ au Maroc par le mouvement des droits humains.
Des rassemblements similaires à celui de Paris sont organisés parallèlement dans le Royaume.
APS, 30 Oct 2012