Histoire et repentance : Le Sénat français sur les pas de Hollande

À la suite de la décision courageuse du président de la République française, François Hollande, les sénateurs français lui ont emboîté le pas et ont voté, une résolution reconnaissant la répression des Algériens par les forces de l’ordre françaises lors de la manifestation du 17 Octobre 1961 à Paris. La résolution a été adoptée par 174 voix pour et 168 contre. Le Sénat français est à majorité de gauche. La résolution avait été proposée par le groupe communiste. Les socialistes et les écologistes ont voté pour. L’UMP (opposition de droite) et les centristes ont voté contre. 
Le vote du Sénat français intervient moins d’une semaine après la reconnaissance par François Hollande de la responsabilité de l’État français dans la «sanglante répression» de cette manifestation, rompant ainsi un silence officiel qui durait depuis plus de cinquante ans sur ces évènements. Par ailleurs, Mourad Medelci, notre ministre des AE, a refusé de se laisser entraîner dans une polémique et a évité de répondre aux déclarations faites dimanche par son homologue français Laurent Fabius qui a fait savoir que l’Algérie préférait un partenariat stratégique à un traité d’amitié avec la France. «La question est hors sujet. Nous allons y répondre prochainement », a répondu Medelci. 
De fait, à Alger, on se montre en privé fortement irrités par les déclarations du chef de la diplomatie française -qui montre apparemment qu’il est novice en un domaine où il est nouveau venu n’étant pas un diplomate de carrière- qui évoque publiquement le contenu d’entretiens préparatoires à la visite à Alger du chef de l’État français. À la limite si Alger venait à écarter la conclusion d’un accord d’amitié avec la France, c’est que l’on est échaudé des déclarations de bonne intention des gouvernants français, qui sont restées au stade de la bonne intention, sans plus, pour de basses raisons électorales et la peur de l’activisme des pieds-noirs et nostalgiques de l’Algérie française. Mais aussi et il faut le souligner prenant prétexte du refus de la repentance -alors que Chirac a présenté officiellement des excuses pour le massacre des nationalistes à Madagascar et pour les rafles de juifs français du Vel d’Hiv- 
Les prédécesseurs à l’Élysée de François Hollande ont subi de formidables pressions du Maroc et de son puissant lobby à Paris, pour que le partenariat d’exception voulu tant par les deux pays, du moins si l’on se réfère aux déclarations officielles, ne soit pas couronné par un traité d’amitié. Le Maroc voulant garder l’exclusive d’une relation privilégiée avec Paris, dont la diplomatie lui est d’un grand secours pour perpétuer son occupation du Sahara occidental. Au passage, lobbyistes et diplomates marocains ne se privent pas de mettre en garde les officiels français contre la volonté de puissance de l’Algérie et son prétendu hégémonisme. Au demeurant, la France qui refusait de conclure un traité d’amitié fait le forcing actuellement pour en signer un avec… L’Afghanistan. Mais, selon Laurent Fabius qui rendait compte au Conseil des ministres et dont les propos sont rapportés par le “Canard enchaîné”, le parlement afghan refuse de conclure un traité avec un pays d’infidèles.
Mokhtar Bendib
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