Sixième session des Nations-Unis : Violents échanges verbaux entre délégations algérienne et marocaine

Les travaux de la sixième Commission (chargée des questions juridiques) des Nations-Unis ont été marqués par le déclenchement d’une polémique qui a opposé les représentants de l’Algérie et du Maroc. Tout a commencé lors la prise de parole jeudi, du représentant de l’Algérie M. Farid Dahmane, qui a plaidé en faveur de la réforme du Conseil de sécurité. Il a notamment proposé un examen de ses méthodes de travail, un élargissement de sa composition pour accueillir les pays en développement et une représentation plus importante de l’Afrique, en rappelant que ce continent n’était pas représenté parmi les membres permanents. 
 
Le délégué de l’Algérie a ensuite déploré le fait que le droit à l’autodétermination ne s’appliquait pas dans certains cas, en faisant référence notamment à la question de la Palestine et à celle du Sahara occidental. Des déclarations qui n’ont pas plu au délégué du Maroc. Ce dernier, selon l’agence de presse des Nations-Unis, a tenté de détourner les débats en déclarant : « Je sollicite l’indulgence envers mon collègue algérien, qui a confondu les salles, pour préciser que la question du Sahara occidental n’a pas sa place au sein de la Sixième Commission. » « Il s’est permis de comparer la question palestinienne à la situation du Sahara marocain dans ce contexte spécifique et je lui laisse la responsabilité, devant son peuple, de cette assertion », a-t-il ajouté. S’agissant de la politique des « deux poids, deux mesures », il a fait observer que l’Algérie avait établi un record en la matière. « Je n’ai jamais entendu l’Algérie évoquer l’autodétermination dans un autre contexte que celui-ci », a-t-il soutenu. Intervenant à son tour, le représentant de l’Algérie a déploré que l’autodétermination ne s’applique pas dans certains cas. 
 
Pour sa délégation, elle s’applique à la Palestine et au Maroc. Dans toutes les instances, tous les textes associent dans une même phrase « les peuples sous occupation et ceux sous colonisation », a-t-il rappelé. Il a donc estimé que l’association faite par l’Algérie dans sa déclaration était bien assise sur des textes internationaux. Il est clair, a-t-il affirmé, que cette question qui traite de l’Etat de droit au niveau international a bien sa place dans cette enceinte. La mise en œuvre du principe de l’Etat de droit au niveau national est essentielle, a-t-il poursuivi. Enfin, il a rappelé que l’Algérie a connu de grands mouvements démocratiques, n’a eu de cesse d’approfondir les principes de la démocratie et ces efforts ont permis d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement avant 2015, a-t-il assuré. « L’organisation cette année d’élections législatives fructueuses a permis aux femmes d’occuper un tiers des sièges au sein du Parlement, s’est-il félicité, en soulignant par ailleurs que l’Algérie ne cessait de travailler à rendre compatible sa législation nationale avec les traités internationaux », lit-on dans la dépêche de l’agence de presse des Nations-Unis. Par la même occasion l’Algérie, a réitéré l’appel pour que le système de sélection et de nomination du Secrétaire général soit transparent, inclue tous les États Membres et permet à l’Assemblée générale d’y participer sous une forme plus active et plus efficiente, conformément à la Charte des Nations Unies.

Par Rachid Chihab

 
Les Débats, 13 oct 2012
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