Le rapport de la fondation Kennedy, qui a épinglé le Makhzen sur ce dossier, a laissé groggy le gouvernement marocain.
«Chaque fois qu’un homme défend un idéal, ou agit pour améliorer le sort des autres, ou se bat contre l’injustice, il envoie un petit souffle d’espoir, et se croisant à partir d’un million d’autres centres d’énergie et d’audace, ces souffles construisent un courant capable d’abattre les murs les plus puissants de l’oppression et de la résistance», c’est le message délivré par Robert F. Kennedy à partir du Cap (Afrique du Sud) un certain 6 juin 1966.
En digne héritière, sa fille le sème aux quatre coins de la planète. Le pouvoir marocain devrait le méditer. Comment va au fait le Makhzen après la publication du rapport du Centre Robert Kennedy pour la Justice et les droits de l’homme (RFK Center)? Pas trop bien apparemment. Il supporte mal l’étiquette de tortionnaire justifiée qui colle à la peau de ses forces d’occupation dans les territoires occupés du Sahara occidental. Une réputation qu’il traine encore et que même la fermeture des cachots de Tazmamart (prison secrète pour prisonniers politiques au sud-est du Royaume) n’ont pas réussi à faire disparaître.
Les militants sahraouis emprisonnés à la Carcel negra (prison noire) sont les nouvelles victimes des geôles marocaines. Kerry Kennedy, la présidente de RFK Center et la délégation qui l’a accompagnée ont recueilli des témoignages qui attestent de l’existence de la torture et de la violence dans les territoires sahraouis. Pour le gouvernement marocain, tout rapport ou déclaration qui lui sont défavorables en ce qui concerne le dossier du Sahara occidental, sont frappés de suspicion et déclarés partiaux ou déséquilibrés. C’est le cas pour celui rendu public par la fondation Kennedy suite à ses visites dans les territoires occupés du Sahara occidental (El Ayoun, Dakhla, Smara…) et dans les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf (Sud algérien). Comme ce fut le cas de celui de Christopher Ross.
Le représentant personnel du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies pour le Sahara occidental avait fourni un document qui faisait état de l’extraction d’aveux de Sahraouis, sous la torture, par les forces d’occupation marocaines. Rabat a vu rouge et l’a déclaré persona non grata. Quant au rapport de la fondation Kennedy, il y a vu un «caractère partial». Le Makhzen n’a pas encore digéré le contenu du document du RFK Center qui dénonce la répression dans les territoires annexés du Sahara occidental.
«Le gouvernement marocain enregistre la précipitation ayant marqué la publication du rapport des observations préliminaires, élaboré par la fondation Kennedy au sujet de ses visites dans les provinces du sud du Royaume et dans les camps de Tindouf, en Algérie, pour y faire le point sur la situation des droits de l’homme» a déclaré le porte-parole du gouvernement marocain, Mustapha El-Khalfi. Le chef de la diplomatie marocaine, Saâdeddine El Othmani, qui l’a, de son côté, qualifié de déséquilibré a relevé «la nature biaisée de cette organisation (RFK Center Ndlr) ainsi que l’attitude partiale et dénuée de neutralité dans son traitement du conflit artificiel autour du Sahara».
Le rapport final de la fondation Robert F. Kenedy, qui sera présenté lors des travaux de la 4e Commission onusienne sur la décolonisation, à New York, sera particulièrement redoutable… Rabat est déjà en état d’alerte.
L’Expression; 5 sept 2012
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