Il est hautement symbolique que la nièce de l’ex- Président Kennedy qui, il y a plus d’un demi siècle soutenait le droit à l’indépendance de l’Algérie, se rende au Sahara occidental pour faire avancer le droit à l’autodétermination des sahraouis. La visite que vient d’effectuer dans les territoires sahraouis occupés par le Maroc et dans les camps de refugiés sahraouis Kerry Kennedy présidente de la fondation Kennedy est d’autant plus méritoire et importante qu’elle a réussit a briser le mur du silence qu’a érigé le Maroc autour d’un territoire qu’il occupe illégalement au mépris de la communauté internationale et des résolutions de l’ONU .
De fait, le Maroc a tout fait pour empêcher cette visite et a été jusqu’à distiller des rumeurs et des informations invérifiables et invérifiées faisant croire à un possible enlèvement de la nièce Kennedy par Aqmi. Pour ce faire le Maroc a fait agir ses puissants relais aux États- Unis et jusqu’au sein de la CIA , pour faire croire a ce scénario digne des romans d’espionnages mais habituels des embrouillaminis de Rabat. La présidente de la fondation, Kerry Kennedy, a révélé publiquement les entraves des autorités marocaines pour brouiller la mission. La présence d’une organisation de la taille de la fondation Kennedy, de l’Organisation mondiale contre la torture et de Frontline a fait trembler le gouvernement marocain…
La délégation a assisté à la répression d’une manifestation pacifique des Sahraouis. Le Maroc avait peur d’une visite qui le gênait au plus haut point en raison du prestige et de la crédibilité de la fondation Kennedy pour la justice et les droits de l’homme et aussi pour son influence au sein de l’opinion publique américaine et de l’administration US ainsi qu’au sein des institutions internationales.
La panique de Rabat s’explique aussi par le fait que c’est la première fois qu’une mission de ce niveau se rend dans les territoires sahraouis occupés et dans les camps de réfugiés. D’autant que cette visite intervient dans un contexte particulièrement marqué par un black-out total sur la question sahraouie et sur les violations des droits de l’homme dans les territoires occupés. Cette mission a eu lieu aussi au moment où le Maroc affiche clairement ses velléités de bloquer le processus de négociations en retirant sa confiance à l’Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies, Christopher Ross. Mais là aussi le Maroc a subit un cuisant échec puisque Ban Ki-moon, refuse de se faire dicter sa conduite et a renouvelé sa confiance à C.Ross. C’est un sérieux revers pour Rabat au moment où les Pays Non-alignés viennent de renouveler leur soutien au droit à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple sahraoui.
Dans les camps de réfugiés sahraouis la délégation conduite par Kerry Kennedy a bénéficié d’une liberté de mouvement totale dans les camps. Les membres de la délégation ont rencontré les gens qu’ils souhaitaient rencontrer en toute liberté. Ils se sont rendus dans la prison des droits communs. Les sahraouis ont montré qu’ils n’ont rien à cacher. Les sahraouis espèrent ainsi que le geste sans précédent de la nièce de l’ex-président Kennedy permettra de donner à l’opinion mondiale et à la communauté internationale une autre vision de la réalité de la situation dans les territoires que celle imposée par le Maroc et ses soutiens occidentaux.
Pour Mhamed Khedad, haut responsable sahraoui, le rapport qu’elle produira aura «un impact sur la nécessité de la prise en charge de la question des droits de l’homme dans les territoires occupés pour qu’enfin nos populations qui vivent sous occupation puissent respirer et exprimer librement leur opinion.» «Que cette mission permette une Minurso crédible, qui soit à la hauteur des standards internationaux et que l’ONU puisse prendre en charge les critiques formulées par l’Envoyé spécial Christopher Ross, de libérer immédiatement les détenus politiques qui croupissent dans les prisons marocaines», a-t-il ajouté avant de réitérer l’urgence de permettre aux parlementaires européens, aux diplomates, aux médias et toutes les ONG de pouvoir se rendre dans les territoires occupés pour constater les souffrances qu’endurent les Sahraouis du fait d’une occupation illégale de leur pays. Il a par ailleurs rappelé qu’en retirant sa confiance à C. Ross, le Maroc a «montré clairement sa volonté de bloquer le processus du règlement du conflit en s’assurant le soutien des pays comme celui de la France qui empêche l’avancée du règlement du conflit». «Nous, nous montrons notre disponibilité et notre respect de la légalité internationale. Nous cherchons un règlement définitif et démocratique du conflit dans le cadre des Nations unies. Le peuple sahraoui doit exercer son droit à l’autodétermination comme tous les peuples en lutte pour leur émancipation. J’espère que le rapport de la mission de la Fondation Kennedy pèsera de tout son poids pour que la question sahraouie soit sérieusement traitée au niveau du Conseil de sécurité », a-t-il encore dit.
Mokhtar Bendib
Le Courrier d’Algérie, 5 sept 2012