Au Sahara Occidental, le Maroc a perdu son pari contre Christopher Ross

Rabat, 28 août. – Selon les analystes, le gouvernement marocain a perdu son bras de fer contre l’ONU en recusant l’Envoyé Personnel du Secrétaire général, l’Américain Christopher Ross.
Le week-end passé, Ban a confirmé Ross dans ses fonctions et a appelé le Roi Mohamed VI du Maroc pour «réaffirmer que son Envoyé Personnel et son nouveau Représentant Spécial (l’allemand Wolfgang Weisbrod-Weber, nommé en Juin) rempliront dans les limites du cadre précis, tel que fixé par le Conseil de Sécurité, leurs mandats relatifs à l’avancement du processus de règlement et ce faisant et à la contribution à l’instauration des relations bilatérales escomptées avec l’Algérie ».
Au mois de mai, le gouvernement marocain a annoncé qu’il «retirait sa confiance » en Ross pour « comportement déséquilibré et partial» (suppose contraire aux thèses de Rabat), et depuis lors, les médias marocains s’en doutait son remplacement par une figure de renommée internationale , ce pourquoi ils avaient donné des noms tels que Colin Powell, de nationalité américaine aussi.
Bien que les porte-paroles du Secrétaire général ont bien précisé, à plusieurs reprises, que Ban soutenait Ross, le gouvernement marocain a continué de critiquer le diplomate, mais l’appel du secrétaire général a mis fin, d’une fois pour toutes, la polémique.
« C’est une gifle pour le Maroc », selon des déclarations faites à EFE par Ali Nouzla, directeur du portail Lakome.com et l’un des rares journalistes qui ont couvert l’affaire au-delà des interprétations de caractere nationaliste.
« Retirer la confiance à Ross sans avoir consulté les partenaires internationaux du Maroc ni les forces intérieures du pays était une maladresse et nous continuons à en payer le prix», a rappelé Nouzla.
Une interprétation similaire est partagée par le professeur et politologue Larbi Benotmane, qui n’hésite pas à parler d ‘«une grande défaite diplomatique » pour son pays, qui dans le « l’affaire Ross » a eu « un comportement amateur, alimenté par auto-intoxication excessive».
Benotmane considère que le gouvernement marocain « n’a pas mesuré les conséquences » en récusant Ross, qu’il considère comme un homme politique de «l’establishment» américain, ce qui veut dire que Rabat a retourné contre lui l’un de ses alliés théoriques, les États-Unis .
Une des principales plaintes marocaines contre Ross est son insistance sur l’attachement à l’indépendance de la mission de l’ONU au Sahara (la MINURSO, qui, selon lui, a fait preuve de laxisme quand il s’agit de réclamer sa neutralité) et son eventuelle tentative de faire en sorte que cette mission ait un mandat sur des questions relatives aux droits de l’homme.
Le gouvernement marocain considère que sa souveraineté sur le territoire qu’il occupe au Sahara Occidental est totale et n’acceptera aucune atteinte ni permettra qu’un organisme non-marocain puisse avoir une quelconque autorité en dehors de celle du gouvernement.
Bien qu’il n’y a aucune visite annoncée de Ross dans la région, reste à savoir comment il sera reçu à Rabat dans son prochain voyage, après tout cet imbroglio diplomatique.
Hier, l’agence officielle marocaine MAP reprenait une interview avec le ministre délégué aux Affaires étrangères, Youssef Amrani, dans laquelle il a rappelé que le Maroc « a besoin d’un nouveau médiateur de l’ONU », mais a été contraint de rappeler plus tard, même á deux reprises, que l’interview a été réalisée en Juillet, c’est à dire bien avant l’appel de Ban Ki-moon au roi Mohamed VI.
Le professeur Benotmane considère que l’actuel ministre des affaires étrangères, l’islamiste Saadedín Otmani, n’est pas l’homme qu’il faut pour sortir de cette « impasse » diplomatique, même si ce n’est pas celui qui l’a créé, mais probablement un proche de l’ environnement du roi Mohamed VI.
Pendant ce temps, un autre acteur américain, même si cést un organisme non gouvernemental tel que le Centre pour la Justice et les Droits de l’Homme de la Fondation Kennedy, a également soulevé l’ire des médias et des organisations pro marocains suite á la mission envoyée au territoire sahraoui pour enquêter sur le respect des droits de l’homme.
Bien que la délégation a assuré avoir rencontré, pendant trois jours, «un large spectre» de la société sahraouie (autant de signe indépendantiste que pro-marocains), a été la cible ponctuellement repris par les médias offieciels pour son alignement supposé « avec la thèse des ennemis de l’intégrité territoriale du Royaume « , selon la version de l’agence officielle de presse, MAP.
La informacion.com, 28 août 2012
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