«L’Algérie subit les effets des flux migratoires mixtes et son territoire est souvent traversé par des passeurs qui se livrent au trafic de migrants.» C’est en ces termes que le Haut-Commissariat aux réfugiés (H-CR) a entamé son rapport 2011 dans le chapitre traitant de notre pays.
Par une telle introduction, cette institution onusienne chargée d’apporter aide et assistance aux personnes qui, pour une raison ou une autre, ont fui leur pays atteste que la position géographique de l’Algérie fait d’elle un pays très convoité par des migrants de différentes nationalités. Un constat qui ne date pas d’aujourd’hui. Les événements survenus récemment en Afrique du Nord et en Syrie sont bien là pour confirmer que notre pays est incontestablement la mecque des réfugiés.
Déjà au milieu des années 70, des dizaines de milliers de réfugiés du Sahara occidental ont été accueillis sur le sol algérien où il y évoluent jusqu’à ce jour, comme le rappelle le HCR dans son rapport. «Des dizaines de milliers de réfugiés originaires du Sahara occidental sont arrivés en Algérie en 1975 et en 1976 et ont été reconnus.
Depuis cette époque, ils vivent dans quatre camps et dans une zone d’installation situés dans la région de Tindouf, au sud-ouest du pays. Selon les estimations des autorités algériennes, ils seraient environ 165 000. En attendant une opération d’enregistrement, le HCR exécute un programme fondé sur le chiffre prévisionnel de 90 000 réfugiés vulnérables dans les camps», écrit-on dans le même document.
Les réfugiés issus de la Rasd ont déserté leur pays pour fuir les atrocités et autres exactions commises par le régime marocain à l’encontre de la population du Sahara occidental que le Makhzen a tenté d’annexer à son territoire, faisant fi des règles internationales, notamment le droit des peuples à leur autodétermination. Ceci dit, les réfugiés sahraouis représentent le nombre d’expatriés vivant sur le sol algérien.
En seconde position, on retrouve les Palestiniens qui sont au nombre de 4000, selon les chiffres communiqués par le HCR. Curieusement, le Haut commissariat aux réfugiés ne siffle mot sur la présence de réfugiés maliens en Algérie qui ont eux aussi fui les violences que subit le Mali depuis plusieurs mois maintenant.
A ce propos, rappelons les déclarations de Daho Ould Kablia, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, qui avait déjà évoqué la présence de 30 000 réfugiés maliens dans le sud algérien. Un chiffre qui dépasse de loin celui des Palestiniens et qui place les réfugiés du Mali en seconde position après ceux originaires de la Rasd.
S’agissant de la situation qui prévaut dans la région du Sahel et de ses retombées, notamment sur l’Algérie, le Haut comité aux réfugiés souligne que «les événements politiques survenus récemment en Afrique du Nord et les préoccupations croissantes du gouvernement en matière de sécurité ont eu des effets préjudiciables sur la protection des réfugiés et des demandeurs d’asile, en particulier ceux originaires d’Afrique subsaharienne, considérés comme des migrants en situation irrégulière et de ce fait, passibles de mise en détention et d’expulsion».
Le Haut commissaire aux réfugiés précise en outre qu’à fin août 2011, «quelque 140 réfugiés et 670 demandeurs d’asile résidant dans des zones urbaines et principalement originaires de pays d’Afrique subsaharienne étaient enregistrés auprès de l’Organisation». Enfin, dans ce décompte de réfugiés présents en Algérie, il ne faudrait pas omettre ceux d’origine syrienne, au nombre de 12 000.
800 000 nouveaux réfugiés dans le monde
Le rapport 2011 du HCR met en avant, pour la première fois, «l’étendue du déplacement forcé généré par une série de crises humanitaires majeures qui a commencé à la fin 2010 en Côte d’Ivoire, rapidement suivie par d’autres en Libye, en Somalie, au Soudan et ailleurs».
Au total, quelque 4,3 millions de personnes ont été nouvellement déracinées, dont 800 000 ont fui leur pays et sont devenues réfugiées. «L’année 2011 a été le théâtre de profondes souffrances. Tant de déracinés happés dans la tourmente en un laps de temps très court entraîne un coût élevé au plan personnel pour toutes les personnes affectées», a indiqué António Guterres, Haut commissaire aux Nations unies pour les réfugiés et chef du HCR.
«Nous ne pouvons qu’être reconnaissants au système de protection international d’avoir tenu bon et sur le fait que les frontières soient restées ouvertes. Cette année a été particulièrement difficile.» A travers le monde, 42,5 millions de personnes ont fini l’année 2011 soit en tant que réfugiés (15,2 millions), soit en tant que déplacés internes (26,4 millions), soit en ayant déposé une demande d’asile (895 000 personnes), a-t-on encore indiqué.
Par Karim Aoudia
Le Temps d’Algérie, 04/08/2012
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