Les acolytes du roi Mohamed VI nous rétorquent que Paris soutient leur pseudo-proposition d’autonomie et que c’est la meilleure formule que l’homme ait produite depuis la création de l’univers. Il y a quelques mois, Rabat disait la même chose de Hillary Clinton. Au nom de la stabilité du royaume et de la monarchie, les gouvernants marocains se mettaient à genoux devant la Secrétaire d’Etat américaine pour lui soutirer quelques mots « au nom de la stabilité du royaume et de la monarchie alaouite, allié de l’Amérique depuis deux siècles ». Au mois de mars, Clinton a fait plaisir au roi Mohamed VI pour lui remercier les vacances écoulées au Maroc avec son fils pour oublier les peines de l’affaire Lewinsky.
Au mois de mai 2012, après avoir désavoué l’ambassadeur Ross, le ministre marocain des affaires étrangères s’est rendu à Washington pour tester la position américaine. De son entretien avec Clinton, la MAP, l’agence de presse officielle au Maroc, n’a pas daigné en parler, tellement la frustration était grande. Plus tard, El Othmani avouera que Washington est « fâchée ». Ne disait-on pas que les USA soutiennent une solution basée sur une autonomie au Sahara?
Il est vrai que Sarkozy, guidée par sa haine de cette Algérie qui ne veut pas se plier à ses désirs d’hégémonie dans la Méditérranée, s’est montré très généreux au Conseil de Sécurité en offrant une couverture aux méfaits marocains au Sahara Occidental, mais ces temps-là ont révolu. Le nouveau président français veut donner une autre image de la France. Par conséquent, Rabat sait pertinemment qu’elle ne peut plus compter sur le complaisance de l’Elysée. Ainsi, faute de grives on mange des merles. Faute d’une position du président français ou de son ministre des affaires étrangères, les marocains font parler un ministre de développement. Rien que ça.
Les intérêts de la France au Mali et dans toute la région du Sahara sont menacés à cause d’une situation d’instabilité que le Maroc alimente depuis 37 ans avec sa guerre contre les sahraouis et les résolutions de l’Assemblée Générale et le Conseil de Sécurité de l’ONU. Paris s’imagine qu’Alger va voler à son secours. Le nouveau gouvernement de barbus marocains imaginait aussi la construction du Maghreb et l’ouverture des frontières pour doper l’économie marocaine et ainsi maintenir le statu quo au Sahara Occidental. Pourtant, à quelques centaines de mètres du lieu de réunion des ministres maghrébins, se tenait une autre réunion, mais celle-là était pour manifester sa solidarité avec le peuple sahraoui et créer le front africain contre le colonialisme.On ne peut plus claire. Mais à Rabat, ils sont aussi naifs qu’à Paris.