Mohamed Abdelaziz en appelle à Ban Ki-moon

Le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et secrétaire général du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz, a demandé au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, d’«intervenir» en urgence pour protéger les citoyens sahraouis dans les territoires occupés contre l’oppression exercée par les forces d’occupation marocaines, rapporte avant-hier l’agence de presse sahraouie (SPS).
Le président sahraoui a adressé un message au SG de l’ONU dans lequel il l’exhorte à «intervenir» pour permettre aux citoyens sahraouis de jouir de leur droit au rassemblement, la liberté d’expression pacifique ainsi que le droit de communication avec les observateurs internationaux, précise la même source. L’appel du Président Abdelaziz fait suite à deux attaques lancées par les forces d’occupation marocaines destinées à réprimer deux manifestations pacifiques les 13 et 16 juillet, causant plusieurs blessés, selon SPS. «Les rapports émanant des organisations internationales spécialisées confirment de manière incontestable que les violations des droits de l’homme par le gouvernement marocain vont crescendo», ajoute la même source.
Le SG du Polisario a ainsi dénoncé la politique de tergiversation pratiquée par le Maroc vis-à-vis des efforts de l’ONU et du processus de négociations destinés à la décolonisation du Sahara occidental, suggérant que de «pareilles politiques doivent être combattues énergiquement à travers le monde». Il a en outre demandé à la communauté internationale «d’exercer toutes les pressions et d’imposer des sanctions contre le Maroc afin d’amener ce dernier à se conformer à la légalité internationale, à mettre fin à la spoliation des richesses naturelles du peuple sahraoui et à démanteler le mur (militaire) de séparation».
L’appel aux armes n’est pas à écarter, selon le chef de la diplomatie sahraouie
Par ailleurs, la libération des humanitaires européens enlevés dans les camps des réfugiés sahraouis et le blocage des pourparlers de paix après le retrait de confiance par le Maroc au médiateur des Nations unies, Christopher Ross, ont été évoqués avant-hier par le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, dans le dernier numéro de la revue italienne de géopolitique Limes. Sur le rôle joué par les dirigeants sahraouis dans l’affaire des otages européens, une Italienne et deux Espagnols, le ministre sahraoui a expliqué que les dirigeants sahraouis avaient établi «immédiatement» après l’enlèvement des contacts avec leurs homologues de Mauritanie, du Mali, du Niger et du Burkina Faso, mais aussi avec les gouvernements italien et espagnol. «Le seul but était de libérer les otages et les ramener chez eux en toute sécurité. Nous avions favorisé la voie diplomatique en mettant en action les services de renseignement, en évitant le recours à l’action militaire». Et d’ajouter que l’échange d’informations concernant l’état de santé des trois coopérants et sur les lieux où ils étaient détenus, était constant, affirmant que les dirigeants sahraouis savaient parfaitement dans quelle région du Mali ils étaient. Estimant que l’évolution de la situation Mali et dans la région du Sahel a compliqué d’une «façon dramatique» les négociations avec les ravisseurs, il a confié : «Toute cette région est une poudrière, à un certain moment entre mai et juin, nous avions craint le pire pour les otages». «Le Mali est dans une totale anarchie, dans ce couloir qui va du Tchad, en passant par le Niger, le Mali, la Mauritanie et aboutit au Sahara occidental, les partisans de l’extrémisme islamique continuaient à tenter de faire régner la chaos. C’est dans cette région que prolifèrent les conflits, les attentats et les enlèvements dont certains finissent mal», a-t-il expliqué.
Pas de cellules djihadistes dans les camps de réfugiés
A une question sur l’état actuel du conflit du Sahara occidental, le ministre a estimé que le rejet des revendications des Sahraouis et le mépris de beaucoup de résolutions de l’ONU par le Maroc ont fait naître un «désir croissant» du peuple sahraoui de retourner aux armes, en particulier chez les jeunes. «Mais je voudrais exclure l’existence de cellules djihadistes dormantes dans les camps de réfugiés ainsi que dans le Sahara occidental occupé», a-t-il encore affirmé.
Par ailleurs, M. Ould Salek, qui a qualifié la décision unilatérale du Maroc de retirer sa confiance à Christopher Ross de «choix gravissime», a rappelé que les Etats-Unis et les Nations unies ont fermement réitéré leur confiance à un homme qui «a toujours servi la voie d’un règlement juste du conflit, auquel sont liés de nombreux espoirs et attentes». Il a, dans ce contexte, relevé que le Maroc défie la communauté internationale et arrête les négociations, ajoutant que ces dernières années les négociations avançaient lentement et ont conduit à des résultats minimes, mais elles ont laissé ouverte la voie du dialogue et contribué à contenir les exigences du retour à la lutte armée. «Je crains que cela va devenir de plus en plus difficile à tenir à distance l’appel aux armes», a-t-il cependant indiqué.
A.F.
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