Par Mohamed Abdoun
Notre chef de la diplomatie n’est vraiment pas allé par plusieurs chemins pour remettre les pendules à l’heure en ce qui concerne ces sempiternelles et demandes marocaines. Non, la demande de nos voisins de l’ouest pour la réouverture de nos frontières terrestres avec eux n’est pas (encore) à l’ordre du jour.
Immuable, la position algérienne est des plus claires qui soient. A savoir que cette question doit trouver une réponse idoine, et un règlement satisfaisant pour tout le monde dans le cadre d’un règlement global de tous les dossiers pendants qui continuent d’empoisonner les relations entre Alger et Rabat.
Souvenons-nous que c’est le Maroc qui, au plus fort de notre guerre contre le terrorisme, quand l’Etat algérien était chancelant, affaibli, que notre pays faisait l’objet d’un odieux et tacite embargo et que notre pays avait le plus besoin de ses voisins et frères immédiats, que le Maroc a décidé de fermer ses prétexte à la suite d’un attentat à la bombe commis sur son sol.
Il s’est avéré par la suite, selon les propres aveux de l’émir fondateur du GIA, Abdelhak Layada, que nous avons rencontré chez lui, que c’est le Maroc qui avait tenté de manipuler ce groupe sanguinaire et de s’en servir contre l’Algérie en le finançant, en l’armant et en lui offrant des bases de repli arrière sur son territoire. Layada, à cette époque, avait même été reçu en grandes pompes par le roi défunt Hassan II et son inséparable » vizir » Driss Basri.
Aujourd’hui, que l’Algérie a bravement et largement surmonté sa crise, et que ses caisses sont pleines, c’est le Maroc, ce royaume qui avait essayé de nous prendre par traitrise au lendemain de notre indépendance, qui se trouve en position de quémandeur.
Il est, dès lors, normal, que l’Algérie en profitât et insistât pour exiger que la réouverture de ces frontières, qui cause chaque année au Maroc un manque à gagner de l’ordre de 4 milliards de dollars, se fisse dans un cadre global.
Il est avant tout question du règlement de questions épineuses telles que la lutte contre le terrorisme et le grand banditisme, la contrebande et le trafic de drogue.
Il est aujourd’hui admis que c’est le royaume chérifien qui fait face à de douloureux retours de flamme islamistes pour trop longtemps traficoté avec ce genre de milieux quand il cherchait à affaiblir notre pays. L’Algérie ne peut, ni ne doit, permettre qu’un flux de terroristes se missent à investir notre territoire en provenance du Maroc. Il en va de même pour la contrebande et le trafic de drogue. Le royaume de Mohamed VI, et c’est là un secret de Polichinelle, est le plus grand producteur de cannabis au monde. Cette culture se fait au vu et au su de tous, et est protégée par de hauts responsables civils et militaires tous » apparentés » au Makhzen. Quant à la contrebande, il va sans dire qu’une bonne partie de nos produits soutenus à grands renforts de milliards de dinars vont enrichir nos voisins de l’ouest au détriment de nos propres citoyens.
Ce sont là des faits objectifs et incontournables contre lesquels la diplomatie et la politique de » bon voisinage » n’y peuvent rien…
La Tribune des Lecteurs, 11/07/2012