La destruction de l’avion de combat turc vendredi dernier par les forces du régime d’El-Assad laisse craindre une escalade de la crise entre les deux pays voisins à tel point que leurs relations ne semblent vraisemblablement tenir plus qu’à un fil.
C’est d’ailleurs pour cela que le l’Otan s’est réuni hier matin à Bruxelles à la demande de la Turquie qui, après la destruction de l’un de ses avions de combat par la Syrie, a invoqué l’article 4 du traité de l’Alliance prévoyant que tout pays membre peut porter une question à l’attention du Conseil quand il estime que son intégrité territoriale ou sa sécurité est menacée. A ce propos, il est à souligner que l’option militaire n’a jusqu’à présent pas été privilégiée par l’Otan. D’ailleurs, Anders Fogh Rasmussen, secrétaire général de l’Otan, a déclaré juste avant la réunion qu’ «une intervention militaire étrangère n’est pas la bonne voie pour la Syrie». Pour les responsables de l’Alliance occidentale, les conditions de 2011 pour intervenir en Libye ne sont pas réunies pour la Syrie, à savoir une base légale internationale sous la forme d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU et l’appel de l’opposition syrienne à une intervention.
En revanche, jouant la carte de la prudence, Anders Fogh Rasmussen a réaffirmé la solidarité de l’Otan à la Turquie, tout en condamnant le comportement de la Syrie qu’il appelle à tout mettre en œuvre pour éviter qu’un nouvel incident de ce genre se reproduise. «La sécurité de l’Alliance est indivisible. Nous soutenons la Turquie dans un esprit de solidarité forte», a-t-il dit. «Nous jugeons cet acte inacceptable et le condamnons dans les termes les plus fermes». Il a précisé que l’article 5 du traité de l’Atlantique-Nord, qui organise la solidarité entre Etats membres et autorise le recours à la force en cas d’agression, n’avait pas été invoqué. «Je ne pense pas que la situation continuera à s’envenimer, a-il estimé, je pense que la Syrie va prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter qu’un tel évènement se reproduise à l’avenir, au regard de l’évolution de la situation dans la région». Toutefois, il est indiqué que les 28 Etats membres de l’Otan avaient prévu de nouvelles consultations et qu’ils continuaient de suivre l’affaire de très près.
A noter que c’est seulement la seconde fois depuis la création de l’Otan en 1949 qu’est évoqué l’article 4, la précédente ayant été faite en 2003, également à la demande de la Turquie, à propos de la guerre contre l’Irak.
Le jour d’Algérie, 27/06/2012