La célébration de la journée mondiale des réfugiés a été célébrée, hier, dans le monde. La non-application du droit international fait que les souffrances du peuple du Sahara Occidental, sous occupation marocaine depuis 1975, continuent avec la bénédiction de certains.
Le Comité spécial de l’ONU chargé de la question de décolonisation, le Comité des 24, a adopté, à la veille de la Journée mondiale des réfugiés, trois projets de résolution liés à la protection des intérêts économiques des derniers territoires occupés au nombre de seize, dont le Sahara Occidental, qui seront adressés à l’Assemblée générale de l’ONU. Si le Maroc compte dans son occupation du Sahara Occidental sur ses soutiens dont la France, un membre permanent au Conseil de sécurité, le Comité des 24 rappelle la primauté de la force du droit sur la realpolitik. L’ONU est sommé par le Comité des 24 d’exiger de tous les Etats, en particulier les puissances occupantes, des institutions spécialisées et aux autres organismes des Nations unies, «de donner effet aux recommandations du Comité spécial relatives à l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance et aux autres résolutions de l’ONU». C’est ce qui est mentionné dans l’un des trois projets de résolutions adoptés par le Comité des 24.
A cela, vient s’ajouter le troisième projet portant sur les activités économiques préjudiciables aux intérêts des peuples des territoires non autonomes. Ce texte demande à tous les gouvernements «de prendre des mesures pour mettre un terme aux activités des entreprises» relevant de leur juridiction qui « possèdent et exploitent dans les territoires non autonomes».
La conférence de presse animée, hier à Alger, par le président du Conseil national de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) a porté sur les conséquences gravissimes sur le peuple sahraouie et les risques qu’encourt la région. M. Khatri Addouh a soutenu que la décision de retrait de confiance à Christopher Ross, prise par Rabat, a été dictée par l’annonce de Ross «d’effectuer une visite aux territoires sahraouis encore sous occupation marocaine». Le blocus politico-médiatique imposé par Rabat dans les territoires sahraouis occupés «depuis l’éclatement, en 2005, de l’Intifada de l’indépendance est lourd», relève M. Khatri. Il est temps que la communauté internationale «se saisisse amplement des violations marocaines des droits de l’Homme dans les territoires occupés». Ce qui l’amène à rappeler que l’expérience vécue par le Maroc en 1975, lors de la visite officielle de la mission onusienne au Sahara Occidental, «est omni-présente dans la pensée coloniale marocaine».
Pour rappel, la délégation onusienne a vu les Sahraouis, en 1975, clamer leur attachement à l’indépendance et au Front Polisario, représentant unique et légitime du peuple sahraouie. A cela vient s’ajouter le rapport, non publié sous la pression de Paris, de la commission onusienne des droits de l’Homme dépêchée en 2006 dans les territoires sahraouis sous occupation marocaine. Un rapport sanctionné par des recommandations dont celle portant «sur l’urgence de tenir un référendum d’autodétermination du peuple sahraouie, seule voie à même de mettre un terme aux violations des droits de l’Homme et aux souffrances du peuple sahraouie». Pour l’intervenant, les acteurs de la scène internationale, en particulier les membres permanents du Conseil de sécurité, doivent «exercer des pressions sur le Maroc pour qu’il se conforme à la légalité international», d’autant plus que les voix s’élèvent, appelant au respect des droits des peuples.
Rabat, pour sa part, accentue sa répression contre les Sahraouis dans les territoires occupés. Parallèlement la mobilisation des forces de sécurité marocaines, les autorités coloniales s’appuient sur les colons marocains dans leur politique d’oppression et de répression contre les Sahraouis, en réponse à une revendication légitime relative au respect et à l’application du droit du peuple sahraouie à un référendum d’autodétermination selon l’esprit et les textes de la charte de l’ONU.
KARIMA BENNOUR
La Nouvelle République, 21/06/2012
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