Malgré les avancées du planning familial au Maroc, un nombre considérable de femmes, souvent mineures, continuent de se faire avorter dans la clandestinité. Les chiffres sont éloquents. «On estime à 600 le nombre d’avortements quotidiens pratiqués par des médecins et à quelque 200 les avortements non médicaux», affirme le Pr Chafik Chraïbi, un gynécologue de renom. «En Tunisie, où l’avortement est libre, c’est 20 fois moins», précise-t-il. «Ce qui se passe au Maroc est dramatique», note le Pr Chraïbi, soulignant les effets pervers au niveau humain et social de la législation.
«Qui dit avortement clandestin, surtout chez les jeunes, dit suicides, rejet du giron familial, marginalisation, prostitution, enfants abandonnés et… prison pour les médecins», explique-t-il. Pour avoir pratiqué l’avortement clandestin, une douzaine de médecins sont actuellement en prison. Au moins 17 000 enfants sont abandonnés chaque année.
L’association que dirige le Pr Chraïbi lutte depuis sa création en 2008 pour une modification de la loi «qui n’a pas changé depuis les années 1960». Or il y a urgence. «Si nous légalisons, dit-il, nous n’aurons que des retombées positives. Notre message : il faut travailler sur la prévention alors que selon l’OMS, 13 % de la mortalité maternelle est imputée à l’avortement.»
Info-Soir, 09/06/2012
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