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Le conflit sans fin du Sahara occidental

Annexé par le Maroc et soutenu par l’Algérie, le Sahara occidental vit au rythme d’un contentieux territorial de près de 40 ans, réactivé après le rapport critique de l’ONU vis-à-vis des autorités marocaines, le 24 avril 2012.

Le document demandait à Rabat «d’améliorer la situation des droits de l’Homme» dans l’ancienne colonie espagnole, seulement reconnue par l’Union africaine. Il l’accusait aussi de compliquer le travail des Casques bleus de la Mission des Nations-Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) sur le terrain.
La Minurso y est déployée jusqu’au 30 avril 2013. Elle surveille le cessez-le-feu mis en place en 1991 après l’accord de paix signé entre Rabat et l’organisation autonomiste sahraouie, prévoyant notamment l’organisation d’un référendum d’autodétermination.
Rabat ferme la porte au dialogue
Après la sortie du rapport, le Maroc a retiré sa confiance à l’émissaire onusien en charge du dossier, estimant que le diplomate américain Christopher Ross faisait un travail «partial et déséquilibré».
Sous-entendu : trop en phase avec les positions du Front Polisario (Front Populaire de Libération de Saguia el Hamra et Rio de Oro), mouvement armé créé en 1973 et soutenu politiquement et militairement par Alger, qui prône l’indépendance de cet immense territoire de sable enserré entre la Mauritanie et l’océan Atlantique.
Un référendum sans cesse reporté
Le vote se déroulerait sous l’égide de l’ONU et donnerait aux Sahraouis le choix entre l’indépendance, l’autonomie sous souveraineté marocaine ou le rattachement au Maroc. Pour Rabat, seule la seconde option est acceptable.
Un territoire de la taille de la Grande-Bretagne
Le Maroc occupe 80% du Sahara occidental. Le Polisario dirige les 20% restants, correspondant à la République arabe sahraouie démocratique. Les deux régions sont séparées par un mur de sable de quelque 2.000 kilomètres de long.
C’est dans un contexte de guerre froide que Rabat a annexé en 1975 le Sahara occidental en même temps qu’il mettait fin à la colonisation espagnole. Une annexion menée par 350.000 Marocains lors d’une Marche verte organisée par le roi du Maroc Hassan II.
Rabat considère ce territoire de 267.000 km² comme une de ses provinces du Sud, composante essentielle de l’identité marocaine.
Des tensions qui empoisonnent les relations entre Rabat et Alger
Le conflit dans cette région désertique et peu peuplée (507.000 habitants) exacerbe les difficultés de normalisation des relations entre le Maroc et l’Algérie, malgré de récentes tentatives de rapprochement, économiques notamment.
Leurs frontières communes sont fermées depuis 1994 après un attentat à Marrakech attribué par les Marocains aux services secrets algériens.
Le 9e et dernier round des pourparlers informels entre le Maroc et le Polisario, en mars 2012 dans la banlieue de New York, s’est encore soldé par un échec.
Révoltes des populations
Si depuis 2005, les manifestations autonomistes se sont multipliées dans les villes sahariennes sous contrôle marocain, elles ont souvent été réprimées violemment par les forces de l’ordre marocaines.
Ainsi, en novembre 2010, lors d’une flambée de violence à Gdim Izik, à 12 km de la capitale Laâyoune. Des milliers de Sahraouis y campaient depuis plusieurs semaines pour protester contre leurs conditions de vie, alors que le sous-sol regorge de richesses.
Les ressources, le nerf de la guerre
En effet, le secrétaire général du Polisario et président de la République arabe sahraouie démocratique, Mohamed Abdelaziz, appelle à mettre fin au «pillage effréné» des ressources naturelles sahraouies.
Elles concernent l’exploitation des ressources halieutiques et du phosphate, dont le Sahara occidental possède la deuxième réserve mondiale après la Chine. Une manne, à laquelle pourrait s’ajouter les revenus du pétrole (en cours de prospection) et ceux du tourisme, que Rabat commence à développer. Comme une manière supplémentaire de s’enraciner dans la région.
Les ambitions d’Alger
Quant à l’Algérie, qui accueille une majorité des réfugiés sahraouis, elle dit n’avoir aucune revendication territoriale sur son voisin. Toutefois, son alliance avec le Front Polisario lui permet de faire quelques projections, comme celle d’un accès privilégié à l’Atlantique.
Car pour exporter ses richesses (pétrole, gaz, uranium…) vers le continent américain, cela lui permettrait d’abaisser le coût de ses exportations.
L’implication des Occidentaux
D’autres Etats, comme les USA, l’Espagne et la France jouent un rôle indirect dans ce conflit. Le premier depuis l’après-11 Septembre (aides de Washington à Alger contre le terrorisme), le second en raison d’un partenariat stratégique avec l’Algérie et le troisième très lié économiquement avec le Maroc.
Aujourd’hui, les dirigeants du Polisario appellent la France à la neutralité dans ce conflit et à soutenir les efforts des Nations-Unies. Car le l’allié traditionnel de Rabat a réitéré le 18 mai 2012, par la voix de Bernard Valero, porte-parole du Quai d’Orsay, «son appui au plan d’autonomie marocain, qui est la seule proposition réaliste aujourd’hui sur la table des négociations et qui constitue la base sérieuse et crédible d’une solution».
Le 26 mai, le Polisario a ainsi appelé le nouveau président français François Hollande à soutenir «le droit à l’existence du Sahara occidental».
Francetv.fr, 31/05/2012
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