Des milliers de personnes ont manifesté pacifiquement dimanche à Casablanca à l’appel de deux centrales syndicales marocaines pour protester contre la détérioration de la situation sociale des travailleurs et l’instauration d’un vrai dialogue social. La marche initiée par la Confédération démocratique du travail (CDT) et la Fédération démocratique du travail (FDT), deux syndicats issus, tous les deux, du parti de l’Union socialiste des forces populaires (USFP, opposition) est notamment soutenue par ce dernier, le Mouvement du 20 février qui revendique des changements politiques en profondeur au Maroc et l’Association marocaine des droits humains (AMDH).
Trois centrales syndicales considérées parmi les plus représentatives, l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM proche du Parti de l’Istiqlal), l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM, proche du Parti Justice et Développement, PJD) et l’Union marocaine du travail (UMT, proche du Parti du progrès et du socialisme, PPS ex-communiste) n’ont pas participé à cette manifestation. Les partis dont ils sont proches sont, effectivement, au gouvernement de coalition dirigé par le PJD (islamiste) depuis le mois de janvier dernier.
L’USFP qui a soutenu cette marche faisait partie du dernier gouvernement marocain avant l’organisation des élections législatives anticipée du 25 novembre 2011 suite à l’adoption d’une nouvelle constitution, le 1er juillet 2011 conséquemment à des manifestations, sans précédent au Maroc, pour l’instauration de réformes démocratiques. Au cours de cette marche qui a duré environ deux heures, les manifestants ont particulièrement scandé des slogans appelant au respect des libertés syndicales, à la lutte contre la corruption et le népotisme et à l’amélioration des conditions de travail et de vie de la classe ouvrière.
Ils ont également exprimé leur opposition à la loi sur le droit de grève avant de réclamer l’augmentation des salaires et des pensions de retraite, la réforme des régimes de retraite, l’amélioration des services de santé, la promotion du système d’éducation et la transparence de la justice. Dans leur déclaration commune, les deux syndicats avaient notamment affirmé en appelant à cette marche nationale que « le gouvernement actuel ne dispose ni de projet de réforme, ni de volonté, ni de programme et n’a pas la capacité politique et intellectuelle pour assimiler la profondeur des problèmes que vit le Maroc d’aujourd’hui ».
Il s’agit de la première grande manifestation contre le gouvernement d’Abdelilah Benkirane au moment où le Maroc est confronté à un taux de chômage estimé à 9,9 % (chiffres officiels), à une aggravation du déficit commercial de 13,2 % (-48,86 milliards de dirhams) au premier trimestre 2012, à une baisse des recettes touristiques évaluée à -30 % et à une sécheresse qui a affecté la campagne de la production céréalière 2012-2013.