Retrait de la délégation de leur pays lors des obsèques de Ben Bella : L'opposition marocaine critique le chef du gouvernement

par Moncef Wafi
Trois semaines après le retrait de la délégation marocaine, conduite par le chef du gouvernement Abdelillah Benkirane et Taieb Fassi Fihri, conseiller du Roi, lors des obsèques de l’ancien président Ahmed Ben Bella, l’opposition marocaine, à travers l’un de ses chefs de file, Mohamed El Yazghi, a critiqué cette décision. Pour rappel, et selon la dépêche de l’Agence marocaine de presse, MAP, « une fois sur place, (cimetière d’El Alia, NDLR), la délégation marocaine s’est rendue compte de la présence protocolaire d’une délégation du Polisario conduite par Mohamed Abdelaziz. 
Devant une telle situation, la délégation marocaine s’est immédiatement retirée ». 
Les représentants de Mohamed VI ont regagné l’aéroport d’Alger où ils ont été salués, comme à leur arrivée, par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Ce jeudi, et dans un entretien accordé à l’hebdomadaire marocain « Al Ousbouê », Mohamed El Yazghi, ministre d’Etat sans portefeuille sous le gouvernement Abbas El Fassi, a estimé que Benkirane a commis une erreur. « Il aurait dû rester jusqu’à la fin des funérailles », a-t-il affirmé. L’ancien premier secrétaire général de l’USFP, l’Union Socialiste des Forces Populaires, a précisé que s’il était présent à ces obsèques, il ne se serait en aucun retiré en dépit de la présence du chef du Polisario, Mohamed Abdelaziz ou encore en dépit « des critiques que nous avons sur la personne de Ahmed Ben Bella ». Une déclaration qui sonne en porte -à- faux avec le message de condoléances tout diplomatique du souverain alaouite qu’il avait adressé à Abdelaziz Bouteflika, à la suite de la mort d’Ahmed Ben Bella, soulignant que « la disparition de ce leader historique n’est pas seulement une perte pour le peuple algérien, mais aussi une perte pour la fraternité maghrébine dans ses racines profondément établies ; et aussi pour la nation arabe à laquelle il s’était dévouée pour la défense de son unité et sa grandeur ». Mohamed El Yazghi a expliqué qu’«on n’invite pas les hommes pour participer aux obsèques (…) Ils s’y rendent même s’ils sont des adversaires. Le gain ou la perte ne doivent pas être pris en considération lors de la présence aux funérailles ». Cette sortie médiatique d’El Yazghi obéit plus à un agenda partisan et renforce son hostilité déclarée au PJD au pouvoir. Des manifestations d’opposition exprimées au lendemain des attentats du 16 mai 2003 à Casablanca, en étant parmi les rares responsables en faveur de l’interdiction de la formation islamiste. Le basculement de l’USFP dans les rangs de l’opposition, suite aux élections législatives du 25 novembre dernier, a fortement encouragé l’ancien ministre à se montrer si critique à l’égard des initiatives du chef de gouvernement, Abdelillah Benkirane accusé de céder au Roi au sujet des nominations des patrons des entreprises publiques stratégiques. 
Le dossier sahraoui, contentieux qui envenime les relations entre Alger et Rabat, s’était invité, contre toute attente, aux obsèques nationales du premier président de la république algérienne, Ahmed Ben Bella. Occulté par les officiels, le retrait de la délégation officielle marocaine dépêchée par le souverain alaouite Mohamed VI pour le représenter aux funérailles d’Ahmed Ben Bella est plus qu’un incident diplomatique. Malgré un début de réchauffement entre les deux pays aux plus hauts niveaux de décision, le conflit du Sahara occidental vient de rappeler les difficultés de normalisation totale des relations entre le Maroc et l’Algérie.

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