L’incontournable droit des Sahraouis à l'autodétermination

C’est aujourd’hui que l’Envoyé Personnel du Secrétaire Général des Nations Unies pour le Sahara Occidental, Christopher Ross, rencontre, à Manhasset, New York, dans une réunion informelle, les deux parties en conflit, le Front Polisario et le Maroc.
La réunion informelle qui se tient à partir d’aujourd’hui et ce, durant deux jours, est la neuvième d’une série de rencontres entamées en 2007 sous les auspices onusiens. Depuis sa nomination au poste d’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, en 2009, le diplomate américain Christopher Ross semble se confiner dans un rôle de gestion du statu quo. Une situation héritée de son prédécesseur, James Baker, qui a jeté l’éponge face au refus du Maroc de se conformer au droit international. Le Sahara Occidental, territoire inscrit sur la voie d’un processus de décolonisation depuis 1966 à l’ONU, voit son droit à l’autodétermination reporté au calendes grecques. Une situation qui perdure suite au non-parachèvement du processus de décolonisation du Sahara Occidental par l’ex-colonisateur, l’Espagne, lequel via les accords de Madrid a permis à la monarchie marocaine d’envahir le territoire en 1975.
«Les deux parties prenantes (le Front polisario et le Maroc, ndlr) ont maintenu leurs positions qui sont mutuellement exclusives», a déclaré Christopher Ross dans un entretien accordé au Centre d’actualités de l’ONU, le 25 janvier dernier. Propos illustrant les difficultés qu’il a rencontrées pour parvenir à trouver une solution au conflit selon l’esprit et les textes de la charte de l’ONU.
Le Maroc qui aspire à travers ses manœuvres (dont sa proposition d’octroyer l’autonomie) compte faire valoir la primauté de la realpolitik sur le droit international. Fuite en avant de la monarchie marocaine soutenue par la France. A partir de Rabat, quelques jours avant la réunion de Manhasset, le ministre français des Affaires étrangères a rappelé la position de son pays sur le Sahara Occidental. Pour Alain Juppé, «la France considère que la proposition marocaine est une base solide et réaliste pour identifier une solution au conflit».
Les propos de Juppé dévoilent encore une fois le deux poids, deux mesures de Paris. Au moment où elle excelle dans son «soutien actif» aux soulèvements dans le Monde arabe pour le droit à la démocratie, la liberté et à la dignité, la France ne le voit pas ainsi pour les peuples sahraoui et palestinien. Par ailleurs, la feuille de route de Rabat tracée par l’ex-ministre marocain des Affaires étrangères sera portée par la délégation marocaine à la réunion de Manhasset, la première qui se tient intervient après l’avènement du parti de Benkirane à la tête du gouvernement marocain. Ce qui a été signifié par la nomination par Mohammed VI de l’ex-ministre des Affaires étrangères marocaines au poste de conseiller du roi au moment où le PJD a été porté à la tête du gouvernement.
L’attitude du Maroc «est à l’origine du blocage qui a empêché le processus de négociations d’atteindre son objectif », a soutenu le représentant du Front Polisario à l’ONU. Un objectif «établi par les Nations unies pour permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance» a souligné M. Boukhari à la veille de la réunion informelle de Manhasset. Pour le responsable sahraoui, «l’annexion du Sahara Occidental par la force et l’oppression de son peuple et le discours de Rabat pour la construction maghrébine est une contradiction aussi évidente que lourde».
La réunion informelle de Manhasset, qui s’achèvera demain, met de nouveau à l’épreuve la mission de l’envoyé personnel de Ban Ki-moon pour le Sahara Occidental.
KARIMA BENNOUR

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