"L’ouverture des frontières avec le Maroc se fera au détriment de l’Algérie" (chercheur)

« La question des frontières algéro-marocaines et celle du Sahara Occidental ne sont pas des problèmes freinant la coopération maghrébine puisque des biens traversent frauduleusement et aisément ces frontières à partir de l’Algérie vers le Maroc, la Tunisie et la Libye », a indiqué, hier à Alger, Francis Ghilès, chercheur au Centre d’études internationales de Barcelone (CIDOB). Il cite le cas des produits alimentaires subventionnés par l’Etat algérien qui se retrouvent au Maroc et en Tunisie permettant ainsi un trafic de flux financiers estimé à des milliards, sans toutefois donner de montant précis. 
Lors d’une conférence animée au siège de la Chambre de commerce et d’industrie algéro-allemande, organisée par la chambre en collaboration avec la Fondation Freidrich Neumann, intitulée « Le coût du non Maghreb », l’expert a précisé qu’il existe un « phénomène d’osmose » entre les pays du Maghreb qui se caractérise par une circulation illicite des biens entraînant ainsi des pertes fiscales pour l’Algérie. A titre d’exemple, il signale le cas du café qui est acheminé vers la Tunisie ou encore la viande vers le Maroc. 
M. Ghilès ne manquera pas de noter que l’Algérie paie une facture alimentaire de produits importés subventionnés par l’Etat qui se retrouvent dans les pays voisins. « L’Algérie paie pour ses voisins en raison de sa rente pétrolière », résume-t-il. De son avis, « si on ouvrira les frontières entre l’Algérie et le Maroc, ça sera encore pire ». Il recommande donc de placer les pays du Maghreb dans le contexte mondial car, pour lui, les Européens, vu la crise qui secoue leur espace, ne se préoccupent plus de l’Afrique du Nord même si la France demeure présente. Toutefois, depuis peu, le Royaume uni s’intéresse de plus près à l’Algérie sur le plan économique particulièrement, ainsi que l’Allemagne et la Turquie. C’est pourquoi, il suggère aux pays maghrébins d’encourager les investissements étrangers dont ceux de la Chine et de l’Inde. Ce chercheur préconise une « coopération » maghrébine reposant sur le phosphate des trois pays et l’énergie de l’Algérie en s’entendant sur des projets concrets dans ce créneau mais aussi dans les transports. 
Les échanges commerciaux entre les Etats d’Afrique du Nord ne constituent que 1,3% du total avec l’étranger. La fuite des capitaux à partir des pays du Sud de la Méditerranée est évaluée entre 600 et 700 milliards de dollars et la part de l’Algérie est la plus importante, selon lui.
Fella Midjek
Horizons, 7/3/2012

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