Pourparlers informels sur le Sahara Occidental : Pessimisme

par Moncef Wafi

Le 9ème round des pourparlers informels sur le Sahara Occidental, sous l’égide des Nations unies, se déroulera du 11 au 13 mars prochain à Manhasset, dans la banlieue de New York, a annoncé le ministre marocain des Affaires étrangères Saad Eddine Othmani. La dernière session en date des pourparlers sur le contentieux du Sahara s’était déroulée du 19 au 21 juillet dernier à Manhasset entre le Maroc et le Polisario en présence de l’Algérie et de la Mauritanie. Rappelons que si les différents rounds de pourparlers se sont invariablement soldés par un échec, cette nouvelle rencontre pourra être différente si on tient compte du réchauffement des relations entre Alger et Rabat et le contexte de l’annonce faite par M. Othmani, lors d’une conférence de presse conjointe avec ses homologues des quatre autres pays membres de l’Union du Maghreb Arabe (UMA), à l’issue de leur réunion dans la capitale marocaine. Rappelons que la position du Palais et du Front Polisario se sont toujours heurtées sur la solution à apporter au conflit. Rabat propose une large autonomie du Sahara Occidental avec un gouvernement et un parlement locaux, sous sa souveraineté. Le Front Polisario rejette le plan marocain et réaffirme «le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination» via un référendum. Christopher Ross, l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara Occidental, avait estimé, le mois dernier, que la situation de blocage actuel dans les pourparlers entre le Maroc et le Front Polisario pourrait conduire à une «reprise des hostilités militaires». Le diplomate américain, qui avait, rappelons-le, remplacé le Néerlandais Peter van Walsum dont le mandat n’avait pas été renouvelé par Ban Ki-moon, avait déjà souligné, en octobre 2010, la complexité de sa mission en vérifiant sur place à quel point les positions étaient «éloignées» entre le Maroc et le Polisario. Le Maroc accusant l’Algérie de saborder la construction de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) et le Front Polisario suspectant un «complot» de la France contre le Sahara Occidental. Bien que les deux parties aient « confirmé leur volonté de poursuivre le processus de négociations», de l’aveu même de Ross, on est loin d’un règlement politique du conflit en présence. Ainsi, à l’approche du neuvième round de pourparlers informels, il pense désormais que la résolution de la question du Sahara revêt un «caractère urgent». Christopher Ross, contrairement à Van Walsum, a toujours refusé d’afficher une préférence pour le plan d’autonomie marocain soutenu par les pays occidentaux mais accuse les deux parties d’être responsables de l’échec des négociations et les appelle à profiter du climat du Printemps arabe pour trouver une solution au conflit du Sahara. A propos des prochains pourparlers, il redoute qu’ils ne connaissent la même issue avec la lecture d’un communiqué où il est question de rejeter les propositions de l’autre partie comme seule base de négociations. «Il n’y a aucun signe laissant présager une avancée, d’autant plus que le nouveau chef de la diplomatie marocaine, Saâd Eddine El-Othmani, issu du PJD, n’entend pas changer de cap. Tout indique que la position marocaine reste la même à la veille de cette neuvième rencontre à Manhasset», a encore indiqué Christopher Ross qui préconise par contre une autre approche pour désamorcer le conflit. Il estime qu’en mettant dans la balance l’exploitation des ressources naturelles du Sahara Occidental, de plus en plus convoitées, ce serait la meilleure manière d’avancer dans la résolution du conflit.
Le Quotdien d’Oran, 20/2/2012

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