«Nous avons vu au Sahara la flamme qui a incendié le Printemps arabe»

Javier Bardem au Festival de Berlin : «Nous avons vu au Sahara la flamme qui a incendié le Printemps arabe»
Les Enfants des nuages : la dernière colonie a été présenté, jeudi, au Festival cinématographique de Berlin. Ce fut l´occasion pour Javier Bardem, producteur de ce documentaire dirigé par Álvaro Longoría, de faire une intervention très remarquée sur la situation dans l´ancienne colonie espagnole occupée par le Maroc depuis plus de 36 ans.

Un documentaire sur une cause oubliée
 

L´«oscar du cinéma» a dit que «la flamme qui a incendié le Printemps arabe, en Tunisie, nous l´avons vue déjà au Sahara», après la projection de son documentaire de 110 minutes sur «une cause oubliée». Il faisait allusion au mouvement de protestations populaires d´Al Ayoune qui, «quelques mois auparavant», avait pris naissance à Al Ayoune, en novembre 2010. «Dans les camps de toile (de Gdeim Izik)» la «situation était explosive», a dit Javier.

C´est une œuvre qui retrace à partir d´images la situation humanitaire, politique et diplomatique du Sahara occidental, remontant au temps de la colonisation espagnole et de l´occupation marocaine de 1975 à ce jour. Le film est produit aussi à partir de reportages effectués au siège de l´ONU où traîne la recherche d´une solution à ce conflit de décolonisation, le dernier en Afrique.
 

 Des interviews de personnalités connues
L´équipe de cinéastes décrit la vie dans les camps de réfugiés de Tindouf. Elle poursuit son travail d´investigation jusqu´aux portes de la Moncloa, le siège de la présidence espagnole à Madrid, où Javier Bardem, accompagné d´un groupe d´activistes pro-sahraouis, avait remis au président socialiste José Luis Zapatero une pétition de soutien à la cause sahraouie, signée par 230 000 citoyens espagnols, parmi lesquels des figures connues du monde de la culture.

Bardem donne la parole dans son film à des personnalités mondialement connues, comme l´ex-président socialiste espagnol Felipe Gonzalez, l´ex-chef de la diplomatie française Roland Dumas ou le philosophe américain Noam Chomsky, les invitant à analyser la question sahraouie. Il donne la parole, bien sûr, aux acteurs de la lutte contre l´occupation marocaine, parmi lesquels des dirigeants du Front Polisario et, surtout, la figure emblématique de la résistance à l´occupation marocaine, l´indépendantiste sahraouie Aminatu Haider.

Sidati dénonce l´accord agricole UE-Maroc
Au même moment, à Bruxelles, par le hasard du calendrier, les «27» ont signé un nouvel accord agricole avec le Maroc. C´est l´indignation dans la capitale belge où Mohamed Sidati, le délégué du Front Polisario pour l´Europe, dénonce avec virulence l´inclusion du Sahara occidental dans l´accord agricole UE-Maroc.
Sidati accuse les «27» de se rendre «complices de la politique d´occupation, d´oppression et de pillage des ressources naturelles sahraouies» par le Maroc et ne manque pas de rappeler que cet accord constitue «une atteinte grave au droit international et au statut de territoire non autonome» de l´ancienne colonie espagnole.
Les eurodéputés espagnols pro-sahraouis sont du même avis. Raul Romeva d´ICV (Verts catalans), Ana Miranda du BNG (Parti nationaliste de la Galicie), Willy Meyer d´IU (la gauche-unie communiste) et Francisco Sosa Wagner d´UPyD (Union progrès et démocratie) ont vainement plaidé durant le débat au Parlement européen l´exclusion
du territoire sahraoui de cet accord. «Le droit international ne reconnaît au Maroc aucun titre de souveraineté sur les richesses naturelles du Sahara occidental», ont-ils soutenu, avançant à l´appui de leurs arguments l´exemple de nombreux pays du nord de l´Europe ou les Etats-Unis qui ont exclu le territoire sahraoui des accords économiques et commerciaux qu´ils ont signés avec le Maroc.
 
Le Temps d’Algérie, 19/2/2012

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