Le duel de la Commision de l'UA finit avec deux perdants

Par Peter Fabricius

Ainsi la bataille entre le ministre de l’Intérieur Nkosazana Dlamini-Zuma, et Jean Ping du Gabon pour la présidence de la Commission de l’Union Africaine s’est éventuellement terminée hier, extraordinairement, avec deux perdants.
Après trois tours de scrutin, aucun des deux candidats ne pouvait rassembler les deux tiers des voix nécessaires auprès des dirigeants africains réunis pour le sommet de l’UA à Addis-Abeba. Des sources neutres disent que Ping a remporté 28-25 au premier tour, 27-26 dans le deuxième et 29-24 dans le troisième. Toutefois, une source sud-africaine a affirmé que c’était Dlamini-Zuma, qui l’aurait remporté au second tour 27-26.
Le point crucial est qu’après le troisième tour, Mme Dlamini-Zuma, a dû se retirer. Ping, est entré alors dans une quatrième tour sans opposition; mais même dans ces conditions, il ne put s’attirer que 32 voix, à quatre voix des 36 dont il avait besoin pour la victoire.
Donc aucun des deux candidats n’a gagné et une nouvelle élection, ouverte à des candidats fraîs, aura lieu lors du prochain sommet de l’UA, au Malawi, dans six mois.
Il n’était pas clair hier si Mme Dlamini-Zuma et Ping pourraient être ou seraient en lice pour la nouvelle élection.
Bien que leur candidat soit arrivé en deuxième position et du se retirer de la course, les délégués sud-africains au sommet ont chanté et dansé lorsque le résultat final a été annoncé.
Pourquoi? Parce que, comme l’a expliqué un des leurs, leur objectif principal était de déloger Ping – qui pour l’Afrique du Sud, n’est qu’un «pion de l’Occident», qui fait le travail de l’Occident, en particulier de la France, l’ancienne puissance coloniale de son pays d’origine.
«Le fait que Ping n’a pas pu avoir les deux tiers des voix au quatrième tour, même sans opposition, a été une sanction pour lui», a ajouté un heureux délégué sud-africain.
Les Sud-Africains ont-ils simplement sauvé les meubles? Probablement, à un degré, car ils n’ont pas obtenu, du moins pour l’instant, l’opportunité de faire toutes ces bonnes choses que Dlamini-Zuma a promis de faire, comme l’amélioration de l’efficacité de la Commission de L’UA qui est plutôt moribonde, et la promotion des femmes de façon plus agressive.
Pourtant, c’est une vérité considérable de dire que se débarrasser de Ping était un objectif majeur, sinon le premier objectif sud-africain.
Car il était devenu évident au cours des dernières semaines que l’Afrique du Sud avait décidé de la candidature de Dlamini-Zuma, parce qu’elle estimait que l’UA avait été faible et trop prompte à exécuter les ordres de l’Occident, en particulier dans les crises en Côte-d’Ivoire et en Libye.
Pretoria voulait que la Commission de l’UA soit beaucoup plus ferme sur la question de la souveraineté de l’Afrique dans ces deux crises, qu’elle s’opposa à l’appui de la France pour le challenger, Alassane Ouattara – à la force d’une intervention militaire – dans la guerre civile et après que le président sortant Laurent Gbagbo ait refusé d’accepter la défaite lors des élections présidentielle ivoirienne.
L’Afrique du Sud, a également estimé que la Commission de l’UA n’avait pas agi assez fermement à propos du plan de paix de l’UA pour la Libye, au lieu permettre à l’OTAN de décider de l’issue en faveur des rebelles du Conseil National de Transition, là aussi par la force militaire.
Mais si l’Afrique du Sud a atteint son but en faisant chuter Ping, le fait que Dlamini-Zuma ait aussi manqué de rassembler les deux tiers des voix, à l’inverse montre un manque de soutien de la majorité des pays africains, pour la vision de Pretoria au sujet des ingérences occidentales en Afrique .
Jakkie Cilliers, directeur de l’Institute for Security Studies, qui était au sommet, fait valoir ce point.
Il a noté que le président Jacob Zuma a fait campagne pour son candidat en grande partie sur la thèse que l’ANC, le mouvement de libération le plus ancien et le fort d’Afrique qui célèbre son centenaire, avait libéré l’Afrique du Sud, et maintenant cette ANC devrait libérer le reste de l’Afrique des interférences néocoloniales. Mais, tout au plus, 27 pays Africains ont accepté cette ligne de pensée, laissant le continent profondément divisé, dit Cilliers.
Il n’est peut-être pas tant que ça question, comme il se dit en Afrique du Sud, d’une difference entre les pays qui sont laquais de l’Occident, de ceux qui, comme l’Afrique du Sud, souhaitent affirmer l’indépendance de l’Afrique; mais plutôt entre ceux qui, comme l’ANC, ont encore un sentiment anti-occidental plutôt anachronique, une mentalité de mouvement de libération et ceux qui ont mis cela derrière eux et sont prêts à coopérer avec l’Occident, s’ils voient que le faire soit dans leurs meilleurs intérêts et ceux du continent.

The Daily News, 31 Janvier 2012

Lire l’article original en anglais

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