Partez, monsieur Wade !

Toujours aussi surprenant et inexaplicable d’un point de vue humain et, pourtant, si prévisible politiquement, l’attachement morbide au pouvoir de la part de la majorité des gouvernants des pays sous-développés, malgré les cris de ras-le-bol des peuples, a quelque chose d’insupportable et, après coup, de si ironique. 
Pourquoi insupportable ? Parce que tout simplement le fait de s’agripper désespérément à une position qui n’est plus historiquement vivable en dépit d’une réalité régionale qui démontre l’inanité d’une telle résistance, tient du suicide et d’une psychopathologie contagieuse qui semble avoir atteint bon nombre de chefs d’Etat, y compris ceux nés des indépendances. Abdullah Wade qui, présomptueusement, et en même temps pour établir la distanciation vis-à-vis de ce qui se passait en Libye, a joué les Moubarak à sa manière en recommandant au défunt Kadhafi de se retirer du pouvoir, est aujourd’hui dans la posture de ce même Kadhafi, incapable de considérer la portée historique, après coup, des propos qu’il a tenus à l’adresse de son homologue libyen. Le «il y en a marre !», scandé par les manifestants opposants au pouvoir de Wade et tenant rancœur à celui-ci pour avoir voulu faire hériter la présidence et le Sénégal à son fils Karim avec qui, sans surprise aucune, il partage le pouvoir, semble fonctionner pourtant comme le «dégage !» tunisien, et le «irhal !» égyptien. Abdullah Wade a eu 20 ans en 1946 et il semble incapable de comprendre cette génération sénégalaise du XXIe siècle qui ne veut plus voir à la tête du pays un véritable anachronisme vivant. Mais comme tous les ancêtres qui refusent de se laisser mourir, Wade est encore décidé à voler la jeunesse des autres.
FARES N.

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