Sur les mensonges du Maroc sur l'Algérie, par Mamzelle Namous

Réaction-action
Je n’aime pas le recyclage, je ne me préoccupe pas des questions environnementales, je préfère le pétrole aux conneries solaires, je n’aide pas au nettoyage des plages, je ne donne jamais mes fringues. 
Je ne prends pas d’initiatives géniales et originales, je décourage celles de mes amis, je suis bonne à ça. 
Je dis souvent « laisse tomber, ça ne marchera jamais ». 
Je n’ai pas de convictions politiques, mes deux idéaux qui se battaient en duel sont morts à mes 19 ans. 
Un jour quelqu’un m’a demandé « est ce que tu as des principes? », je n’ai pas compris la question. 
Il y a quelques semaines, j’ai entendu parler du dz blog day, un concours entre blogueurs sur le thème  » agir pour l’algérie ». 
L’idée est d’écrire une chronique sur ça, et les meilleurs gagnent des cadeaux. 
Alors là j’ai même pas cherché à être inspirée et je ne m’en suis pas inquiétée.
Mais ensuite, ce « agir pour l’Algérie » je l’ai vu partout sur facebook, et j’ai pensé que je pourrais parler de cette idée de créer une entreprise dont l’objet social serait de repeindre tous les immeubles du centre ville.
Mais j’étais trop occupée à me compter les orteils. 
Ce matin, je me suis réveillée trop tôt. Comme à chaque insomnie, ma tête a laissé traîner des souvenirs désagréables et des regrets (je suis un peu vieille dans ma tête) . Avec ma tête on a refait un peu mon monde, on a réfléchi à où aller se faire couper les cheveux la prochaine fois, et on a fermé les volets.
Y a eu l’adhan, l’aboiement conséquent des chiens du quartier, et ma tête qui déambulait dans les années.
On s’est arrêtées à l’année 2006, en France. Cours de science politique à la fac . Le prof avait invité un professeur d’une université marocaine pour nous parler du système politique chez eux. Bla bla bla.
La conférence devait durer deux heures. Bla bla, au bout de trente minutes le charmant marocain ( car charmant il était), a abordé le problème du Sahara Occidental, et parla évidemment de la position de l’Algérie. Mais ensuite le reste de son discours n’a porté que sur la méchante et mauvaise Algérie. 
Mais pourquoi vient-il du Maroc pour ne parler que de l’Algérie ? 
Cette Algérie qui ne déféndait le Front Polisario que pour ses propres intérêts, pour les ressources naturelles potentielles du sahara occidental, pour l’ouverture sur l’Atlantique, pour la renommée, pour faire chier le Maroc, parce que l’Algérie aurait voulu, elle aussi, dominer le Sahara Occidental. 
Et évidemment, il a poursuivi avec une descente en bonne et due forme de cet Etat qu’est l’Algérie.
Mais what the hell mec? T’as pris l’avion de Rabat pour venir casser ton voisin?! 
Ma rage montait de minute en minute. Je regardais autour de moi dans l’amphi, des étudiants français qui l’écoutaient, qui ne pouvaient pas présumer que non non non non ce n’était pas pour toutes ces raisons que l’Algérie soutenait l’indépendance du Sahara Occidental.
L’heure des questions est venue. J’ai levé la main, j’avais la voix qui tremblait, il était inenvisagable de sortir de la pièce sans avoir rétabli la vérité. 
Toutes ces soirées à écouter mon père parler du Sahara Occidental allaient payer.
Je crois me souvenir lui avoir dit que l’Algérie, vu ses réserves, se moquait bien des ressources cachées de cette partie du désert. Ce qui ne pouvait pas être le cas du Maroc. 
Que prendre position pour l’indépendance n’est pas forcément un choix stratégique, mais que c’était le lot d’un tas de pays, anciennement colonisés, qui portaient maintenant cet idéal. Qu’on soutenait la Palestine aussi. Est ce qu’on avait aussi l’intention d’aller fourrer nos pelles dans le sous-sol de Jérusalemn?
Quant à l’amertume de l’Algérie sur le fait qu’on en voulait nous aussi un bout du Sahara Occidental, j’ai cru me souvenir que ce territoire avait été partagé entre le Maroc et la Mauritanie, que ce dernier Etat s’était ensuite retiré. Et qu’à ce moment là, le Maroc avait demandé à l’Algérie de reprendre la partie que la Mauritanie avait cédé. 
J’avais peur de me faire descendre, car ces infos étaient le fruit de discussions et non pas de livres d’histoire. Parce qu’aussi le prof en face de moi avait un charisme de malade et pouvait rallier l’assistance à sa cause. 
Je ne me souviens plus de ce qu’il a dit, je tremblais trop à l’intérieur. Je tremblais d’énervement car j’en avais marre qu’on critique encore et encore l’Algérie. Que notre pays soit toujours associé à de la merde. 
Alors quand c’est un tissu de mensonges servant uniquement à de la propagande royale, il était physiquement impossible de laisser passer. 
En sortant de l’amphi, j’avais un peu l’impression d’avoir joué le rôle d’un ambassadeur. Du coup, je suis allée manger des ferrero rocher. 
Je crois, qu’en France, ça a du m’arriver plusieurs fois de défendre l’Algérie face aux idées arrêtées et souvent erronées des autres, j’ai beaucoup plaint les français « d’origine » algérienne, d’avoir une origine qui soit autant dévalorisée dans leur pays. 
Parfois, j’étais prise d’une sorte d’indifférence, face à aux certitudes ignorantes des autres, qui me faisait moins réagir. Et c’est dommage car ça fait toujours mal au sang. 
Alors ma résolution, en ce matin, est de réagir un peu plus. A ce qui m’énerve, ce qui m’enchante, ce qui me donne envie. Sans honte et sans feinte ( il n’y a rien de plus beurk que de feindre une envie de réaction).
Si je tiens ma résolution , je parlerai un jour d’un sujet qui me tient à coeur et que je crains un petit peu. (Les pieds noirs).
Je suis incapable de savoir ce qu’est vraiment agir pour l’Algérie. Mais j’aime l’idée de réagir à l’Algérie et d’être capable de tout partager. 
Et peut-être qu’un jour, à force de réactions authentiques et ultra veineuses, la loi des forces sera inversée
et les actions deviendront les conséquences de nos réactions.
Mamzelle Namous

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