Maroc : la couverture sociale généralisée mise en œuvre

INITIATIVE. Intégrant les acteurs du secteur informel et les indépendants, le plan lancé par le roi Mohammed VI vise à plus de justice sociale et d’équilibre économique.


Le Maroc a annoncé avoir lancé auprès de 9 millions de bénéficiaires son plan de généralisation de la couverture sociale destiné à terme à couvrir 22 millions de personnes actuellement dépourvues d’assurance maladie. Les agriculteurs, les artisans, les commerçants, les professionnels indépendants et leurs familles seront les premiers inclus dans le régime de l’assurance maladie obligatoire (AMO) en 2021 et 2022, selon un communiqué officiel diffusé mercredi soir après une cérémonie de lancement de l’opération en présence du roi Mohammed VI. L’AMO s’étendra ensuite aux travailleurs des autres secteurs « dans la perspective de la généralisation effective de la protection sociale à tous les citoyens », a précisé le ministre de l’Économie, Mohamed Benchaaboun, cité dans le communiqué.

Trois conventions-cadres signées

En vue d’une couverture optimum, trois conditions-cadres ont été signées. La première convention-cadre, qui va impacter plus de 800 000 adhérents, a porté sur la généralisation de l’assurance maladie obligatoire de base au profit des commerçants, artisans, professionnels et prestataires indépendants soumis au régime de la contribution professionnelle unique, au régime de l’autoentrepreneur ou au régime de la comptabilité. La deuxième convention-cadre, concernant environ 500 000 adhérents, a porté sur la généralisation de l’assurance maladie obligatoire de base au profit des artisans et professionnels de l’artisanat. Quant à la troisième convention-cadre, elle touche quelque 1,6 million d’adhérents et concerne la généralisation de l’assurance maladie obligatoire de base au profit des agriculteurs. « La mise en œuvre de ce projet sociétal d’envergure constitue un point de départ pour la réalisation des aspirations de Sa Majesté le roi en faveur de toutes les composantes de la société marocaine en termes de réponse au défi de la généralisation de la protection sociale », a souligné le ministre. Et d’ajouter, cité par l’agence de presse marocaine MAP : « Elle représente un levier d’intégration du secteur informel dans le tissu économique de façon à garantir la protection de la classe ouvrière et de ses droits, ainsi qu’un tournant décisif sur la voie de la réalisation du développement équilibré et de la justice sociale et spatiale sous la conduite de Sa Majesté le roi. »

Une leçon tirée de la pandémie de Covid-19

Il faut rappeler que le roi avait impulsé ce plan en juillet en soulignant que la crise liée à la pandémie de Covid-19 avait mis notamment en évidence « la faiblesse des réseaux de protection sociale » pour « les franges de la population en situation de grande précarité » dans ce pays de 36 millions d’habitants. Depuis, une loi-cadre a été adoptée en février au Parlement, comprenant également la généralisation d’accès aux allocations familiales, à la retraite et à l’indemnité de perte d’emploi à l’horizon 2025 pour un coût annuel de 51 milliards de dirhams (4,7 milliards d’euros). Actuellement, seuls les salariés du secteur public et privé marocain bénéficient d’une couverture médicale et des millions de personnes ne sont pas couvertes en cas de problème de santé.

Un moyen de remettre à niveau le secteur médical

Pour mesurer l’importance de ce programme de généralisation de la protection sociale, il convient de se rappeler que le Maroc est marqué par d’importantes disparités sociales qui se sont compliquées avec la crise sanitaire : l’économie du royaume s’est contractée de 7,1 % en 2020 et le taux de pauvreté a bondi de 1,7 à 11,7 % à l’échelle nationale durant le confinement, selon le HCP, l’institut marocain en charge des statistiques. La généralisation de la couverture médicale va nécessiter d’améliorer les services de santé, marqués par un « faible taux d’encadrement médical » et un « important déficit en ressources humaines », a prévenu le ministre de l’Économie. Il a évoqué comme piste de réponse « l’ouverture de la pratique de la médecine aux compétences étrangères, l’encouragement des établissements internationaux de santé à travailler et à investir au Maroc ».

Le Point Afrique, 16 avr 2021

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