Algérie / Des raisons d’inquiétude (Edito de Ouest Tribune)

Doucement mais sûrement, la courbe des contaminations est en train de monter. Certes nous sommes toujours en dessous des 200 cas, mais on sait qu’on y va tout droit. Certains médecins et spécialistes n’hésitent pas, depuis peu, de parler de troisième vague.

Au fond on savait que c’était là une situation à laquelle on ne pouvait échapper. Plusieurs éléments plaidaient en toute logique pour un tel développement, notamment et surtout le laisser-aller manifeste remarqué un peu partout dans la vie de tous les jours. Depuis plusieurs semaines déjà, le respect des gestes barrières est totalement abandonné. A l’exception de certaines personnes âgées, le port des masques n’existe plus. Et pas uniquement dans les lieux ouverts, mais aussi dans les transports y compris les tramways, dans les marchés, dans les administrations, dans les lieux de commerce, et même dans les établissements scolaires et dans les mosquées. Oui ce sont là des vérités qu’il faut bien finir par reconnaître. Aujourd’hui, il faut bien se le dire, la décroissance de la courbe c’est finie. La courbe commence à prendre une autre tangente.

Elle le sera encore plus quand on prend en compte les nouveaux variants déclarés en Algérie que sont le britannique et le nigerian qui comptabilisent à eux deux 207 cas. Des cas qui touchent plusieurs wilayas du pays, avec une prédominance pour la capitale Alger. Un risque d’autant plus inquiétant quand on sait que le séquençage de ces variants ne se fait qu’au niveau de l’institut Pasteur d’Alger, ce qui suppose des cas bien plus importants que ceux déclarés à ce jour.

L’autre élément qu’il faut aussi soulever ici, c’est cette ridicule explication du faible taux de contamination au covid, qui serait dûe à une immunité collective. Une supercherie navrante en ce délicat moment où il faut d’abord et surtout insister sur la nécessité du respect des gestes barrières et mettre fin à cette débandade que l’on voit un peu partout dans le pays. D’ailleurs le professeur Sanhadji, qui est une grosse pointure dans sa spécialité, s’est insurgé clairement contre cette fausse explication, déclarant que tout cela n’est pas vrai. Une mise au point nécessaire et qui vient à point nommé, surtout quand on sait que la campagne de vaccination n’avance toujours pas, même si les responsables de la santé promettent un tout autre rythme au mois de mai.

Mais d’ici là, la troisième vague frappe à la porte et le risque de voir les hôpitaux, une autre fois, totalement débordés, avec plus de malades en réanimation et plus de morts est plus que probable.

Par Abdelmadjid Blidi

Ouest Tribune, 17 avr 2021

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