Coopération tuniso-égyptienne : la question libyenne au cœur d’une visite de Kaïs Saïed au Caire

Le président tunisien Kaïs Saïed est arrivé au Caire ce vendredi à l’invitation de son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi. Depuis la chute des régimes de Moubarak et de Ben Ali en 2011, ce sera simplement la deuxième visite officielle d’un chef d’Ét

Son prédécesseur, Béji Caïd Essebsi avait rencontré le président Sissi lors du 26e sommet Arabe au Caire et effectué un déplacement officiel en octobre 2015 pour marquer la relance du Haut Comité conjoint égypto-tunisien, baromètre des relations bilatérales.

Depuis, le Nil a coulé sous les ponts : Kaïs Saïed, dont les prérogatives s’étendent à la politique extérieure, a gagné en assurance.

Le président tunisien s’est d’ailleurs entretenu au téléphone avec son homologue égyptien le 27 mars, appel au cours duquel il lui a assuré du soutien tunisien sur la question du barrage éthiopien sur le Nil.

L’Égypte conserve, en dépit des ans et du déclin de son influence culturelle dans le monde arabe, une image de prestige en Tunisie. « L’Égypte est toujours pour nous « Oum el dunya » [la mère de l’univers], c’est tout dire. On ne peut qu’admirer le cinéma égyptien qui a fait école, l’abondance de la littérature et le niveau de la chanson égyptienne qui a donné des divas comme Oum Kalthoum », remarque une Tunisienne critique de cinéma.

L’investissement et l’ouverture de lignes maritimes seront certainement à l’ordre du jour des entretiens entre Sissi et Saïed mais ils consacreront surtout leur attention à la situation libyenne qui concerne de près les deux pays. Le 6 avril, le locataire de Carthage a reçu Najla Mangouch, ministre des Affaires étrangères du Gouvernement d’union nationale libyen pour examiner avec elle les moyens de diversifier le partenariat bilatéral : un sujet qui tient aussi à cœur de l’Egypte. « La hantise de tous les pays frontaliers avec la Libye serait que des puissances internationales s’accaparent le butin libyen avec un partage du territoire.

La crainte de tous les pays nord-africains est que s’opère une partition du pays ou que s’installe un fédéralisme poussé à outrance avec deux entités totalement différentes », commente l’expert de la question libyenne, Rafaa Tabib. Les inquiétudes des deux pays ont toutefois été quelque peu apaisées par l’installation d’un nouveau gouvernement à Tripoli, chargé de mener la Libye à des élections en décembre 2021.

Al Ain News Français, 9 avr 2021

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