ALGER – Le président nigérien élu, Mohamed Bazoum, s’apprête à prêter serment dans un contexte marqué par des craintes sécuritaires après les attaques meurtrières du 21 mars, et des tensions politiques nées des contestations des résultats de la présidentielle, en plus de la tentative de coup d’Etat venue perturber le climat autour de la cérémonie d’investiture.
Elu le 3 février dernier, Bazoum sera investi, vendredi, devenant, ainsi, officiellement le nouveau président du Niger. En effet, c’est la première fois dans l’histoire du Niger qu’un président élu succédera à un autre président élu. Le pays a déjà vécu quatre coups d’Etat réussis (1974, 1995, 1999 et 2010) et plusieurs tentatives échouées.
Dans la nuit du 30 au 31 mars 2021, le gouvernement nigérien a annoncé avoir déjoué une tentative de coup d’Etat. Une enquête a été ouverte mais « plusieurs personnes ont été interpellées et d’autres sont activement recherchées », selon les autorités nigériennes. C’est la troisième fois depuis 2011 que le gouvernement de Mahamadou Issoufou déclare avoir empêché un coup d’Etat.
En conséquence, les représentations diplomatiques ont déjà mis en garde leurs citoyens. L’ambassade des Etats-Unis à Niamey a décidé de suspendre ses « services consulaires jusqu’à nouvel ordre » alors que celle de la France a invité ses compatriotes « à rester chez eux ».
Toutefois, le gouvernement affirme que « la situation est totalement sous contrôle » et invite « la population à vaquer normalement à ses occupations quotidiennes ».
Un membre de l’équipe d’organisation de la cérémonie d’investiture de Mohamed Bazoum a cependant assuré que ces évènements n’auront « pas d’impact ». « Nous travaillons comme si rien ne s’était passé. L’incident est géré depuis 4 h du matin. Il n’y a pas de dispositif de sécurité supplémentaire prévu pour l’investiture », assure-t-il.
Le rival du président élu, l’ex-président Mahamane Ousmane, conteste toujours les résultats du scrutin validés par la Cour constitutionnelle devant laquelle il a déposé recours le 8 mars, avant d’être rejeté par la même juridiction.
Outre ces tensions politiques, le pays sort d’un nouveau deuil national, décrété après les attaques du 21 mars dans les localités d’Intezayane, Bakorat et Woursanat, dans le département de Tillia (région de Tahoua). Au moins 137 civils ont été tués lors de ces massacres. Une semaine plus tôt, 66 civils avaient déjà perdu la vie dans une attaque menée dans la région de Tillabéri, plus au sud, dans « la zone des trois frontières » (entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger).
Acteur clé de la vie politique au Niger depuis trente ans, Bazoum vient de la tribu arabe « Ouled Sliman ». Il a été l’un des fondateurs du PNDS. Aujourd’hui, il préside cette formation affiliée à l’Internationale socialiste.
Cet excellent orateur a fait ses premiers pas en politique au sein du Syndicat national des enseignants du Niger, puis de l’Union des syndicats des travailleurs du Niger (USTN), dont il devint le coordonnateur régional à Maradi (ville nigérienne) et qu’il représenta à la Conférence nationale de 1991 qui a permis de faire entrer le pays dans une ère de pluralisme.
Cinq fois député de Tesker (au nord-est de Zinder), ministre des Affaires étrangères puis de l’Intérieur. Depuis 1993, date du premier scrutin présidentiel pluraliste dans ce pays, l’élection du chef de l’Etat au Niger s’est toujours jouée en deux tours.
Bazoum héritera de son prédécesseur, notamment le défi de juguler les attaques terroristes qui ont fait des centaines de morts depuis 2010, et fait fuir de leurs foyers environ 500.000 personnes, selon l’ONU.
Le nom du prochain Premier ministre, quant à lui, devrait être annoncé le 4 avril prochain, selon des médias. La liste complète des ministres devrait quant à elle être connue le lendemain, 5 avril.
APS
Etiquettes : Niger, Mohamed Bazoum, Mahamadou Issoufou,
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