Mauritanie : Espionnage dans les hautes sphères de l’Etat – Le Pouvoir central ébranlé

Ces derniers jours, l’Etat est ébranlé dans ses fondements par une série d’informations « Top secret » distillées à travers les Réseaux sociaux dont le but serait de décrédibiliser le Rapport de la Commission d’enquête parlementaire et partant, influer sur le cours de l’enquête dite de la décennie portant sur la gestion des biens publics par l’ex-président de la République et ses proches.

Et ce serait exactement ceux-ci qui seraient à l’origine de tels postings ; la semaine dernière, un enregistrement d’une conversation entre l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou et son cousin Mohamed Ould Ghadda a été lâchée dans les Réseaux sociaux. Le 15 août 2020 (la veille de la démission du dernier gouvernement), des informations fuités ont fait état d’une communication entre l’ancien premier sortant Ismaël Ould Bedde Ould Cheikh Sidiya et un de ses prédécesseurs qui n’est autre que Yahya Ould El Waghf, député dit proche du président de la République dont l’influence est réelle influence dans le Commission d’enquête parlementaire.

La discussion entre les deux hommes portait sur le dossier de la décennie auparavant abordé au téléphone entre ce dernier et un chargé de mission à la présidence qui s’avère être Yahya Ould Kebd. A l’endroit de celui-ci, Ould El Waghf aurait soutenu faire l’objet de très fortes pressions et d’accusations de vouloir protéger le ministre du pétrole sortant et Moktar Ould Diay, ministre des Finances de Ould Abdel Aziz et actuel administrateur général de la Snim.

Autre fuite : il y a un an, une communication téléphonique avait fait le tour des Réseaux sociaux voire de celui de la téléphonie mobile portant sur une conversation sentimentale et intime entre une jeune fille et un individu dont la voix se confond avec celui qui se préparait à remplacer Ould Abdel Aziz à la présidence de la République. Autant dans ce cas, il s’est agi d’une volonté manifeste de décrédibiliser cet homme aux yeux des populations et le cas échéant, ébranler sa vie familiale et l’entame de sa fonction présidentielle, autant dans la diffusion des communications entre des leaders du pays, l’objectif serait de perturber le déroulé de l’enquête de l’affaire dite de la décennie.

Qui gagne dans cette confusion ?… En tout cas, les regards sont nombreux qui se sont tournés vers les partisans de l’ex-président Ould Abdel Aziz, le cas échéant, l’ex-président en personne !

Connu pour attacher une grande attention aux renseignements et à l’espionnage (parvenant en amont à maîtriser les communications de Sidioca qu’il a fini par renverser), Ould Abdel Aziz détiendrait de nombreux éléments sonores qui pourraient compromettre plus d’un dans les hautes sphères de l’Etat. Plus grave, il disposerait de nombreux enregistrements obtenus grâce à l’embrigadement d’un élément proche de l’enquête de la police sur lequel des soupçons ont plané avant d’être arrêté et avoir l’opportunité on ne sait avec quelle complicité de fuir à l’étranger.

Intervenant à propos, le Vice-président de l’Union Pour la République (UPR), le parti au pouvoir, Khalil Ould Tiyib, a affirmé sans ambages que les fuites audios récemment diffusées sur les réseaux sociaux constituent la preuve de détention par l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, d’un réseau d’espionnage opérant en dehors de la loi. Ould Tiyib a appelé à démanteler ce réseau et à appliquer la loi sur les personnes impliquées dans la violation de la vie privée des citoyens et dans leur agression. Puis il a fait remarquer que le contenu des fuites relayées est tout à fait normal et n’a aucun effet sur la crédibilité sur le rapport de la commission d’enquête parlementaire, ni sur les partis politiques visés.

Nonobstant ces déclarations et la volonté des Autorités en place de ne leur accorder aucun crédit, ces fuites ont bien ébranlé le Pouvoir en place qui s’est lancé dans une enquête pour découvrir leur source. En fait, si les Autorités s’emploient à démanteler les réseaux qui se trouvent à l’origine de la communications « d’indiscrétions », c’est qu’elles sont persuadées que de nouveaux enregistrements seront fuités chaque fois que cela paraîtra nécessaire pour ceux-là. Chaque fois, l’objectif est de créer la confusion, faire peser la suspicion sur la crédibilité de certains acteurs de l’enquête et faire douter de la sincérité de certaines hautes autorités de l’Etat.

La justice en marche

Malgré la diffusion de communications « Top secret » portant sur la vie privée de citoyens et les rapports entre leaders nationaux, qui viseraient à discréditer le Rapport de la Commission d’enquête parlementaire, le parquet général s’apprêterait à entrer dans la dernière ligne droite dès la réception du dossier prévu dans le courant de la présente semaine. C’est ce que nous avons appris de sources dignes de foi qui indiquent par ailleurs que le parlement devrait parallèlement procéder à la mise en place de la Haute cour de justice qui est le seul organe ayant compétence à juger les crimes de haute trahison dont peuvent être accusés certaines hautes personnalités comme le président de la République. L’instance judiciaire à la tête de laquelle a été nommé le député de Monguel Dy Ould Djah devrait être composée de 9 membres dont 6 de la majorité et 3 devant échoir à l’opposition.

Et si la procédure suit son cour, les enquêtes de fond devraient commencer au plus tôt, en prélude au jugement de tous ceux dont la responsabilité dans les vastes opérations de gabegie est établie.

MOM

L’Authentique, 26 jan 2021

Tags : Mauritanie, Mohamed Ould Abdelaziz, Mohamed Ould Ek Ghazouani, espionnage, corruption,

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