France : Droiture et bonne foi

par Abdou BENABBOU


Le brûlant débat actuel en France sur l’interdiction de filmer les policiers et les restrictions imposées à la presse filmée a une puissance interpellatrice à laquelle les observateurs algériens ne pourraient échapper. Il est patent de remarquer qu’à travers le monde entier les réseaux sociaux ont outrepassé le cercle restreint de l’activité politique. Le périmètre sans limite qu’ils offrent à l’activisme et au militantisme est en train de démontrer que l’ampleur qu’ils prennent les a installés dans un vaste terreau où la mouvance, la gouvernance et la gestion humaines dans leurs différents aspects ne sont pas à l’abri des mises à nu. Les statures qu’ils endossent aujourd’hui vont au-delà de celles des structures politiques classiques et l’ensemble des pouvoirs ont bien raison de se méfier de cette nouvelle force car, à bien des égards, elle se dresse comme un garde-fou contre les dépassements et peut aller jusqu’à contrarier les raisons d’Etat.

Elle est en voie d’imposer la bonne mesure du geste et d’encadrer la décision. Les acteurs de dépassements et de mauvais gestes ont de plus en plus conscience qu’une vraie épée de Damoclès plane sur leurs têtes.

Bien de graves entorses ont été dénudées par un simple clic, sans lequel des véritables assassinats perpétrés sous couvert de maintien de l’ordre seraient restés dans la case du secret. Mais plus conséquent que la dénonciation publique des fausses bavures de policiers, c’est la crainte et la prudence que ce clic impose à ceux en charge de responsabilités qui régissent la vie de tous les jours qui apparaîtraient les plus grands des bénéfices. La peur de la vidéo est en passe de devenir une arme fatale contre la nonchalance des administrations et du carriérisme désobligeant. Le spectre de la photo arrachée et étalée devient un outil efficace contre la bureaucratie.

Les pouvoirs en place auraient tort, comme en France, de tout faire pour contrecarrer cet atout qui serait un providentiel argument pour témoigner de leur droiture et de leur bonne foi.

Le reste n’est qu’affaire de morale et de conscience.

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