PE-Algérie : Droit de vivre et de respirer

par Abdou BENABBOU


La myopie flagrante du Parlement de l’Union européenne est bien trop évidente pour que lui soit témoignée la moindre considération. L’hypocrisie du contenu de la dernière résolution sur les droits de l’homme en Algérie a des insinuations vides de sens et de contenu et on imagine aisément le pourquoi d’une telle gesticulation agressive, alors que l’Union devrait d’abord ouvrir les yeux sur ce qui se passe chez elle. L’Algérie n’est pas, bien entendu, un éden où tout est vert et rose, mais ses habitants, contrairement à des milliers de miséreux occidentaux dans les tréfonds des bas quartiers, ne mangent pas encore de rats et n’ont jamais été soumis à la dictature des huissiers qui se faisaient plaisir à jeter à la rue femmes et enfants.

On occulte les bastonnades des policiers et on n’accorde aucune attention à ceux qui trépassent parce que leur peau est noire, n’ayant durant toute leur vie que l’obligation de raser les murs pour ne pas être victimes de délit de faciès.

A l’évidence, il y a quelque lourde incongruité dans la vision que projettent des parlementaires européens sans aucun discernement sur les Algériens. La nouvelle et subite attention accordée par des parlementaires activistes connus et identifiés, ne doit cependant pas être perçue avec légèreté. Elle survient au même moment que deux faits majeurs que les états-majors, tapis dans l’ombre, savent conjuguer et associer. Le premier est consécutif à l’intention déclarée des autorités algériennes de revoir et de réadapter les accords d’association pour que les intérêts soient équitablement partagés. Le deuxième, plus large et non astreint à de bilatéraux échanges, ne peut être extirpé du chamboulement actuel que vit depuis quelques mois le monde arabe. L’étroitesse retenue des définitions du droit de l’homme est souvent synonyme de surdité et d’aveuglement. La démocratie, la justice et les droits de l’homme ne sont plus que des objets de trocs monnayés au gré de cupides intérêts. Ce qu’il y a de scandaleux dans cette part de forfanterie est que ceux qui s’investissent en juges excellent à éviter de s’appesantir sur les grands drames où il n’est pas seulement question de droits humains mais de droits de vivre et de respirer.

Le Quotidien d’Oran, 30 nov 2020

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