Algérie : De l’ingérence étrangère

L’adoption par le Parlement européen d’une résolution franchement critique à l’égard de la situation politique en Algérie a provoqué une vague de dénonciations et une grosse polémique, et a fait les choux gras dans les médias. Faut-il s’émouvoir de cette fameuse résolution ? Est-elle vraiment une ingérence étrangère dans nos affaires internes ? Par principe, il n’est jamais bon signe que la situation de notre pays soit le menu d’une quelconque instance ou institution étrangère fut-elle l’Union européenne ou même l’ONU. Ceci pour le principe.

Dans le fond, et indépendamment de la teneur de la résolution du Parlement européen, il faut bien rappeler que l’Algérie est liée à l’UE via l’Accord d’association qui comporte une clause expresse sur le respect des droits de l’homme et les standards démocratiques conformément aux stipulations de l’Accord d’association signé par Bouteflika en 2005. Il faut également préciser que ce parlement représente les peuples d’Europe et non pas les États qui, eux, sont représentés par la Commission européenne, l’instance politique par excellence. Ce qui est moins grave tout de même.

Il faut savoir que le Parlement européen produit régulièrement des résolutions de ce type sur la situation interne dans les pays membres (il l’a fait sur les gilets jaunes en France par exemple) mais aussi sur les pays liés à l’UE à travers les Accords d’association. Il est vrai cependant que la causticité des résolutions dépend de la puissance des lobbys pros ou anti un pays où un autre.

Il est utile de rappeler que même le Maroc a fait l’objet plusieurs fois de résolutions critiques sur ses violations des droits de l’homme au Sahara Occidental. Faut-il alors crier au loup après cette résolution sur l’Algérie ? Il n’est pas vraiment utile et porteur d’autant qu’elle n’est pas contraignante. Mais si des acteurs politiques, des relais associatifs et des médias ont dénoncé le document du PE, on se demande où était tout ce beau monde quand le président français Emanuel Macron s’est permis de mettre carrément les pieds dans le plat en promettant de « faire tout mon possible pour aider le président Tebboune ». En termes d’ingérence, il n’y a pas mieux ou plutôt pire. On a affaire en effet au président de l’ancienne puissance coloniale qui ne veut pas reconnaître ses crimes coloniaux ni s’en excuser, et qui en plus, déclare qu’il va aider notre président.

Là, il s’agit d’une intolérable et cynique ingérence de la part d’un pays avec lequel nous ne partageons aucune position et qui encourage les forces armées du Maroc à faire la guerre au Polisario à nos frontières. La logique et le bon sens auraient dicté que la déclaration de Macron soit dénoncée au moins de la même manière que l’est aujourd’hui celle du Parlement européen, dès lors qu’il est question d’ingérence.

Imane B.

L’Est Républicain, 29 nov 2020

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