Le Maroc rattrapé par un scandale de corruption en Afrique

QUAND LE COLONIALISME ET LA CORRUPTION FONT BON MÉNAGE : Le Maroc rattrapé par un scandale de corruption en Afrique

C’est au moment où des appels de responsables et de personnalités politiques et des membres d’associations de soutien à la lutte du peuple sahraoui s’intensifient pour l’application du droit international au Sahara occidental, par la tenue, dans les plus brefs délais, du référendum d’autodétermination, que les scandales éclatent sur les manœuvres et le recours, par Rabat et ses soutiens, dont l’entité sioniste, à la corruption pour le retarder et également décrocher des déclarations ici et là en faveur de la colonisation marocaine au Sahara occidental.

Encore une fois, le ministère des Affaires étrangères du Royaume chérifien est sous les projecteurs non seulement des médias africains et étrangers, sur une affaire de corruption, mais de la justice d’un pays membre de l’Union africaine (UA) pour avoir corrompu l’ex- chef de la diplomatie du Lesotho, Lesogo Makgothi pour que celui-ci déclare, en décembre dernier, que son pays a « décidé de suspendre toutes les décisions et déclarations antérieures sur le Sahara occidental ».

C’est par la publication d’informations de sources gouvernementales, par le journal Lesotho Times, affirmant que « Makgothi est soupçonné d’avoir reçu des pots-de-vin de la part du gouvernement marocain pour changer unilatéralement la position inébranlable du Lesotho en faveur du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination » que le Maroc est embourbé pour la énième fois dans un scandale de corruption. C’est en présence du chef de la diplomatie du royaume chérifien, Nasser Bourita, que son ex-collègue du Lesotho, Lesogo Makgothi, invité, à Rabat, avait tenu des propos en contradiction avec la politique étrangère du Lesotho, soutenant la légalité internationale au Sahara occidental, avant qu’il ne soit limogé à son retour pour avoir tenu ces déclarations. Et c’est par des pratiques de corruption, auxquelles a souvent recours Rabat, en Afrique et ailleurs, que cet ex-responsable du Lesotho a été généreusement invité, par le Royaume chérifien, pour prononcer des déclarations ne reflétant nullement la politique étrangère de son pays sur la question sahraouie.

Une épée dans l’eau, puisque la réaction du gouvernement du Lesotho ne s’est pas fait trop attendre et a porté sur deux points essentiels, qui n’ont pas manqué d’être des messages forts à l’adresse des manoeuvres du Maroc jusqu’à user de la corruption pour faire accepter son système colonial au Sahara occidental, alors qu’aucun pays, parmi ses soutiens inconditionnels, dont La France, ne lui reconnaissent la souveraineté sur les territoires du peuple sahraoui. Décembre dernier, pour tirer au clair la déviation de l’ex-MAE du Lesotho, le ministre des Communications, des Sciences et de la Technologie, porte-parole officiel du gouvernement, M. Thesele Maseribane, a déclaré que « le Lesotho n’avait pas changé sa position de principe sur la question du Sahara occidental, basée sur le droit à l’autodétermination » a-t-il affirmé. Indiquant que « le gouvernement quadripartite du Lesotho condamne et rejette tout préjudice aux principes fondamentaux de la politique étrangère de ce pays »; le porte-parole officiel du gouvernement du Lesotho, M. Thesele Maseribane, a rappelé avec pertinence que son pays est « connu pour ses positions contre le colonialisme, la discrimination raciale et l’occupation », affirmant que «toute déclaration faite par des personnes à titre individuel prétendant qu’elle puisse changer la position pour faire des compromis sur cette question, est nulle et non avenue » a soutenu Maseribane.

L’argent sale derrière des déclarations en faveur de l’occupation marocaine au Sahara Occidental

Le secrétaire principal du ministère des Affaires étrangères du Lesotho, Tanki Mothae a déclaré, en effet, que « la position de M. Makgothi était en contradiction avec celle de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de l’Union africaine (UA) » qui soutiennent, a-t-il rappelé, «le droit du peuple du Sahara Occidental à l’autodétermination ». Se réjouissant de voir que son pays est revenu au concert des États et des peuples à travers le monde, soutenant l’application du droit international, dans le conflit opposant le Maroc au seul et unique représentant légitime du peuple sahraoui dans son combat pour la liberté et l’indépendance. l’actuelle ministre des Affaires étrangères, Matepo Ramakoae, a réaffirmé, rapporte la même source « le soutien du Lesotho au droit à l’indépendance du Sahara occidental ».

Il est à rappeler que la dérive de l’ex-ministre des affaires étrangères, Makgothi avait soulevé un tollé dans le pays, notamment par la mobilisation soutenue des organisations locales contre la volte –face de Makgothi, ce qui a amené le gouvernement à réagir, en décembre dernier, par une déclaration réaffirmant le droit du Sahara occidental à l’indépendance, portant ainsi non seulement un blâme contre celui qui s’est emballé par l’offre financière du Royaume chérifien mais aussi à l’encontre du Maroc. L’ex- chef de la diplomatie du Lesotho, Makgothi poursuivi pour « corruption » avec d’autres fonctionnaires du ministère, selon le même journal, d’après des sources gouvernementales, est soupçonné notamment d’avoir reçu des « récompenses monétaires pour avoir annoncé une soi-disant neutralité de son pays concernant la question sahraouie ».

Un procès qui verra sans nul doute, mettre au grand jour, encore une fois, le rôle corrupteur de la monarchie marocaine, pour se satisfaire de déclarations ici et là, en faveur de son occupation du Sahara occidental, laquelle posture n’impacte nullement sur la nature et le caractère fondamental du conflit opposant Rabat au Front Polisario, sur le Sahara occidental, territoire soumis à l’achèvement du processus de décolonisation, par l’expression libre, selon la résolution onusienne 1514, du peuple sahraoui à l’autodétermination. Le même journal a rapporté les propos du secrétaire principal du ministère des Affaires étrangères du Lesotho , Tanki Mothae sur les raisons ayant amené, en décembre dernier, l’ex-chef de la diplomatie de ce pays, Lesogo Makgothi a prendre « tout d’un coup » la décision de tenir des déclarations en opposition à la posture du Lesotho sur la dernière question de décolonisation en Afrique. Tanki Mothae a confirmé que certains membres du personnel de son ministère avaient été appelés à être interrogés sur la corruption par le Maroc de « certains responsables » du Lesotho, dont Lesogo Makgothi. Affirmant « oui, ils (les fonctionnaires du ministère des affaires étrangères : NDLR)) ont été convoqués pour expliquer à la police comment certaines choses se sont déroulées à l’époque » pour mettre en lumière, ce qui a amené l’ex- MAE, Makgothi « à modifier la position du Lesotho sur la question du conflit du Sahara occidental, qui est surprenante » a-t-il dit.

Poursuivant, il indique que l’enquête de la police vise à décortiquer cette affaire de corruption, qui trouve ses racines à Rabat, en vue « de savoir exactement pourquoi cette position « de Lesogo Makgothi :Ndlr) a été prise tout d’un coup » a soutenu Tanki Mothae. Juin dernier, la cheffe de la diplomatie du Lesotho, Matsepo Ramakoae a réitéré, dans une déclaration vidéo, la position historique du Lesotho à l’égard de la question de décolonisation du Sahara occidental, après les « dérives » de son prédécesseur à ce poste Lesego Makgothi. Déclarant « regretable que le territoire du Sahara occidental demeure la dernière colonie en Afrique » laquelle situation « est déplorable et va à l’encontre des principes de la Charte des Nations unies ». La ministre a réaffirmé que le conflit du Sahara occidental est « une question de décolonisation qui reste à achever sur la base de l’exercice par le peuple sahraoui de son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance » a-t-elle affirmé.
Karima Bennour

Source : Le Courrier d’Algérie, 7 nov 2020

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