Déconstruire les références à la volonté de « bénalisation du Maroc » (note de Karim Bouzida)

Entretien téléphonique de Sa Majesté Le Roi avec le nouveau président tunisien

L’agence MAP a publié une dépêche faisant état d’un entretien téléphonique entre SM LE Roi Mohammed VI et le président tunisien nouvellement élu Mr Moncef Marzouki. Le président Tunisien a ainsi tenu à ce que son premier contact avec un chef d’Etat étranger, soit avec le Souverain.

Cette volonté exprimée par le nouveau Chef d’Etat Tunisien est porteuse de significations et de messages qui devront être mise en avant :

Message 1 : Déconstruire les assimilations au régime Benali

Moncef Marzouki est considéré comme une des icônes du Printemps arabe. Il présente l’image d’un militant démocrate et moderniste qui a laissé son empreinte intellectuelle et politique sur la révolution tunisienne.

Déconstruire les références à la volonté de « bénalisation du Maroc » (dixit Jamaï). Cette déconstruction permettra de décomplexer la réception du discours sur le Printemps arabe par rapport au cas marocain

Plusieurs acteurs ont trouvé dans la révolution tunisienne une occasion pour affaiblir le système politique marocain en interprétant certaines évolutions politiques et économiques comme une volonté de la part de l’Etat marocain de suivre le modèle Benali. Il s’agit là de l’une des bases sur lesquelles s’est construit l’édifice discursif du mouvement du 20 février.

La déclaration de Moncef Marzouki porte un déni indirect de ces allégations ; si le Maroc était réellement un modèle de « bénalisme en cours », l’une des anciennes victimes de ce régime n’aurait pas exprimé cette sollicitude.

Relais

Personnalités de l’univers des droits de l’homme proches de l’ancienne opposition tunisienne laïque (Belkouch, Yazami…) ou des intellectuels (Tozy)

Journalistes qui ont produit toute une littérature glorifiant le printemps arabe (Bouachrine, Miftah)

Message 2 : Inverser les trajectoires des inspirations

Les nouvelles autorités de Tunisie voient dans le Maroc un modèle notamment en matière de coexistence avec les Islamistes. Si Moncef Marzouki et sa tendance politique sont dans une posture de coexistence et de collaboration avec Ennahda, SM Le Roi a toléré les partis islamistes (au moment ou ils étaient interdit dans les pays arabes) et a même insisté à ce que le verdict des urnes soit respecté quelque soit le gagnant. La comparaison n’est pas pertinente mais le parallèle va forcément être évoqué entre deux chefs d’Etats dont le gouvernement est dirigé par des islamistes.

Relais

Acteurs politiques d’obédience islamistes mais avec une certaine profondeur intellectuelle et académique (Mostapha Khalfi, Darif, …)

Message 3 : placer le Maroc au cœur de la dynamique du printemps arabe

Sur le plan géopolitique, le vœu exprimé par le chef d’Etat tunisien est une reconnaissance du rôle central du Maroc dans le monde arabe post-révolutions. Il s’agit d’une preuve que le Maroc a bien sa place dans le groupe des Etats arabes en démocratisation. Il peut même se placer comme un leader (au moins symbolique) de ce groupe (Tunisie, Lybie, Egypte).
Contrairement à l’Algérie, le Maroc est bien à l’aise dans cette nouvelle situation de bouleversement géopolitique parce qu’il a fait sa révolution conduite par SM Le Roi.

Relais

Experts marocains en matière de science politique et relations internationales (Boukentar, Azzouzi)

Tags : Maroc, Benali, Tunisie, Moncef Marzouki, Printemps Arabe, bénalisation du Maroc,