Quand Zakaria Moumni pensait que le roi du Maroc allait lui rendre justice

C’est une histoire digne des plus grandes fictions. Zakaria Moumni, franco-marocain, est arrivé au sommet dans le monde de la kickboxing dont il a été sacré champion du monde en 1999 à Malte. Il était loin de deviner qu’il allait tomber en pic pour finir dans la terreur d’une prison secrète à Temara où la CIA torturait des gens suspectés d’appartenir à Al Qaïda. La raison ? Avoir revendiqué un droit légitimé par le dahir royal nº 1194-66 du 9 mars 1967 qui dispose que les ressortissants marocains ayant remporté un titre de champion du monde pourraient prétendre au poste de conseiller sportif auprès du ministère marocain de la jeunesse et des sports.

À partir de 2010, il est au centre d’une affaire juridique contestée. Il est appréhendé à l’aéroport de Rabat pour escroquerie selon la version du gouvernement marocain, enlevé et torturé pendant 4 jours au centre de Témara selon sa propre version1. À l’issue d’un procès dénoncé par lui-même et la FIDH, il est condamné à 30 mois de prison ferme. Il bénéficie d’une grâce royale au bout de 18 mois. Dès lors, il n’a qu’une idée en tête : sa réhabilitation et la condamnation de ceux qu’il accuse de l’avoir torturé.

En janvier 2010, Zakaria est allé manifester devant le château du roi du Maroc à Betz. Ce dernier, il va s’en venger. Dès que Moumni a mis ses pieds à Rabat, il a été arrêté, jugé et condamné à 3 ans de prison pour « escroquerie », « usurpation de titre ».

Le 4 février 2012, Zakaria Moumni est libéré par une grâce royale qui a réduit sa peine à 18 mois.

Comme tous les marocains, Moumni pense que le roi n’est pas responsable des actes de ses acolytes et qu’il va lui rendre justice. Le 21 février 2012, il écrit au roi Mohammed VI. Voici le texte de sa lettre qui a atterri entre les mains de Moural Lrhoul, le chef du cabinet de Yassine Mansouri, le directeur général du renseignement extérieur (DGED).

Au lieu de lui rendre justice, Mohammed VI lui envoyé ses baltagias en France. Se voyant menacé, Zakaria a émigré au Canada où il a demandé l’asile politique.

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