Molenbeek, usine à terroristes ?

Suite aux attentats de Paris et de Bruxelles, Molenbeek est devenue mondialement célèbre en un week-end. Du Brésil à la Chine, du Canada à l’Afrique du sud, les journalistes découvrent ce foyer de radicalisme situé au cœur de la capitale de l’Europe. Pourtant, rien de neuf sous le soleil. Pour celui qui voulait s’informer, cette situation n’était que trop connue.

Depuis le début des années 2000, Molenbeek est régulièrement citée dans la plupart des affaires terroristes concernant notre pays. Parmi, les plus connues, citons l’assassinat du commandant Massoud en Afghanistan deux jours avant le 11 septembre 2001, le pittoresque cheikh Bassam et son Centre islamique belge, les attentats de Madrid en 2004 et plus récemment l’attentat de Nemmouche au Musée Juif, la cellule de Verviers, ou encore l’attaque du Thalys, …

Au pays des aveugles, les borgnes sont rois, dit l’adage. Pas en Belgique. Ceux qui ont tenté de soulever le voile l’ont fait dans une grande solitude. En 2008, le livre, « En sous-marin dans le petit Maroc », d’une journaliste flamande d’origine marocaine, Hind Fraihi, montrait déjà la radicalisation des jeunes molenbeekois. Dès 2004, le site djihadiste assabyle.com du Centre islamique belge avait amené une députée belge à déposer une proposition de loi visant à interdire l’apologie du terrorisme. En 2009, dans « Lettre aux progressistes qui flirtent avec l’islam réac », Claude Demelenne, un journaliste de gauche, tirait la sonnette d’alarme. Plus récemment, dans son livre « L’iris et le croissant », le sociologue Felice Dassetto utilisait le terme de « Molmuslim » pour résumer la situation à Molenbeek.

Pendant vingt ans, une sorte d’omerta a régné. Ceux qui tentaient de la briser étaient traités d’islamophobes ou de racistes. Au cœur de ce système figurait le puissant Philippe Moureaux, coqueluche des médias, qui a longtemps exercé un véritable magistère moral et politique sur la politique bruxelloise. A la fois Bourgmestre de Molenbeek, Président de la Fédération socialiste de Bruxelles et Vice-Président du PS national, il faisait régner un climat de terreur intellectuelle contre lequel peu osaient se lever. Bien avant que le think tank « Terra Nova », proche du Parti socialiste français, ne le théorise, Philippe Moureaux avait compris que l’avenir du socialisme (bruxellois) passait par les immigrés qui allaient devenir, symboliquement, le nouveau prolétariat, remplaçant une classe ouvrière autochtone en rapide diminution.

Moureaux devient bourgmestre en 1992. En 1993, il pouvait encore dire ceci : « les clandestins sont en train de détruire complètement notre modèle social. (…) Le CPAS (centre public d’action sociale) de Molenbeek ne peut pas être le CPAS du quart de la Roumanie, du tiers du Pakistan » (Le Vif L’Express, 17 septembre 1993) ou encore « je le dis clairement et durement : nous sommes totalement incapables d’intégrer une nouvelle vague d’immigration. On va arriver à des situations conflictuelles ». (Vlan, 29 septembre 1993). On peine à croire que c’est lui qui a prononcé ces phrases. Par la suite, il se transforma en grand inquisiteur de quiconque osait tenir de tels propos.

Changement radical de discours et de politique, donc. L’immigration légale (et clandestine) est encouragée. Le regroupement familial est facilité par les services de la commune. Celle-ci ferme les yeux sur les mariages blancs qui permettent de légaliser des centaines de clandestins. Au niveau fédéral, le vigilant sénateur Moureaux est aux premières loges pour simplifier la législation sur le regroupement familial et l’acquisition de la nationalité (qui devient quasi automatique), accorder le droit de vote aux étrangers et, à son initiative, la lutte contre le racisme est érigée en nouveau paradigme du discours politique.

Molenbeek connait alors la plus forte augmentation de population de la Région bruxelloise et de Belgique. La population recensée (les clandestins sont très nombreux) a augmenté de 12% en 5 ans et de 30% en 15 ans. 30% de plus depuis le prophétique « nous sommes totalement incapables d’intégrer de nouvelles vagues d’immigration » ! Et ce n’est pas fini…

Parallèlement à cet accroissement incontrôlé, qui se déroule sans que l’on sache si ces nouvelles générations d’immigrés et leurs enfants partagent nos valeurs (le PS s’opposant jusqu’à récemment à un parcours d’intégration obligatoire), un modèle communautariste se met en place. Visites fréquentes dans les mosquées (qui appellent à bien voter lors des campagnes électorales), subventions d’associations musulmanes, mise à disposition des locaux de la commune pour des écoles coraniques, placement sur la liste PS de proches des mosquées, participation visible aux Fêtes de l’Aïd El Kébir ainsi qu’à des défilés anti-israéliens où l’on scande des slogans antisémites.

L’héritage historique laïc et anticlérical (au sens large) du PS est jeté aux orties au grand dam de quelques socialistes historiques. Pour Jean-Maurice Dehousse, un ancien bourgmestre de Liège : « le sympathique Philippe Moureaux, pour avoir adoré en son jeune temps les icônes staliniennes et fermé les yeux sur le goulag ne se convertit-il pas aujourd’hui certes progressivement mais néanmoins profondément aux charmes des impératifs des mollahs de Molenbeek ? » Dans ses mémoires « L’ami encombrant », Merry Hermanus, un ex-cacique du PS bruxellois raconte son engueulade par Philippe Moureaux :  » J’en ai marre, laïcard, sale laïcard, tu veux minoriser une population fragilisée alors que tes amis juifs, eux, peuvent tout se permettre ! « 

Pendant vingt ans donc, Philippe Moureaux a, avec succès, intimidé des médias complaisants et l’ensemble du monde politique, véritablement tétanisé par l’idée d’être taxés de racistes. En témoigne spectaculairement l’affaire Deborsu. En avril 2012, Frédéric Deborsu, journaliste à la RTBF, réalise pour « Questions à la Une », un reportage inédit – jusque-là, la RTBF n’a jamais vraiment abordé ces sujets dans un long reportage – dans lequel il montre les dérives communautaristes dans des communes bruxelloises dont Molenbeek et le double discours de certains élus d’origine étrangère pris en flagrant délit de mensonges. Philippe Moureaux compare alors les méthodes du journaliste à celles de… Goebbels, le chef de la propagande d’Hitler ! Depuis, la RTBF n’a plus abordé ces questions en profondeur, pas plus que la plupart des autres médias belges.

Lors du tournage, les journalistes ont pu constater que la loi sur l’interdiction de la burqa n’était pas respectée sur le marché local, en présence de la police. Des quartiers de Molenbeek sont ainsi devenus progressivement des zones de non-droit où la police ne va plus qu’en force, où les agents des services de l’eau ou de l’électricité doivent se faire accompagner par la police pour couper les compteurs, où presque tous les restaurants sont fermés lors du Ramadan, où « sale juif » est devenu une insulte courante, où les écoles sont désertées lors de la fête de l’Aïd qui n’est pourtant pas un jour de congé légal, et où les blondes et celles qui oseraient porter des jupes trop courtes se font régulièrement traiter de putes ou de salopes. C’est dans ce climat que des organisations radicales comme le Centre islamique belge et d’autres ont pu prospérer toute liberté, sans que la police locale s’en mêle.

La responsabilité de cette situation n’incombe évidemment pas qu’à Philippe Moureaux. La presse et le monde politique (tous partis confondus, même si certains sont plus responsables que d’autres) ont longtemps préféré se voiler la face.

Moureaux n’est plus dans le jeu politique. Inutile de lui tirer dessus. Le mal est fait. Le problème est que les racines mentales du système Moureaux sont toujours bien présentes parmi nombre d’élus du PS, qui ont aussi pu émerger grâce au copinage et au clientélisme (sans parler des liens familiaux) qui constituent son second pilier, à côté du communautarisme. Et pour cause, puisque ce système est désormais la clé des victoires électorales du parti à Bruxelles. Philippe Moreaux a réussi à transformer en profondeur une région historiquement libérale.

Aujourd’hui, la marmite explose. Comme le dit la bourgmestre Françoise Schepmans, on a longtemps vécu dans le déni. Le déni nous explose aujourd’hui à la figure et nous avons la gueule de bois.

Molenbeek, usine à terroristes ?

Molenbeek, usine à terroristes ? Sans surprise serait-on tenté d’écrire. Le tueur du musée juif Mehdi Nemmouche, les deux jihadistes présumés tués à Verviers ainsi que le cerveau de la cellule Omar Abaaoud, la soeur du terroriste du Thalys ou, si l’on remonte dans le temps, Abdelkader Belliraj, etc., la très grande majorité des terroristes actifs en Belgique et/ou en France sont tous passés par Molenbeek-Saint-Jean. A tel point que cela en fait LA base arrière de l’islamisme radical européen.

Malgré l’évidence des faits, les élus locaux s’en défendent. « Ils ne viennent pas tous d’ici », assure la bourgmestre Françoise Schepmans, citant à raison certaines communes voisines. « Et, la plupart du temps, ils ne sont que de passage. » Soit, mais pourquoi tout semble converger vers Molenbeek ? L’hyper-densité de certains quartiers clairement ghettoïsés et la radicalisation galopante d’une partie de la population d’origine maghrébine de Molenbeek (et au délà) permet d’expliquer l’exception aculturelle molenbeekoise : « Dans certains quartiers, la population est très dense, composée de personnes d’origine maghrébine à 80%… L’anonymat est plus facile pour les gens de passage dotés de très mauvaises intentions », poursuit l’élue libérale.

« Ils débarquent aussi dans des quartiers où le terreau de radicalisation est plus fertile pour des raisons aussi simples que l’absence de politique d’accueil et d’intégration durant de nombreuses années. Il aurait fallu être beaucoup plus ferme dès le départ par rapport aux droits et devoirs de chacun, par rapport à cette exigence de participation à la vie quotidienne au sein de la commune. »

La faillite de l’ère Moureaux ? Nombreux le reconnaissent, parfois sous couvert d’anonymat comme cet élu de gauche: « Le Molenbeek façonné par l’ancien bourgmestre socialiste Philippe Moureaux est un échec flagrant dans le vivre-ensemble. Il fait pourtant bon vivre au quotidien ici. Les gens sont respectueux les uns envers les autres, on ne rencontre pas de difficultés particulières. Pour preuve, cela fait plusieurs années que nous n’avons plus d’émeutes, la période du ramadan se déroule sans problème. » Pourtant, Françoise Schepmans n’a jamais cru en ce « laboratoire socio-multiculturel ». « Nous avons vécu trop longtemps dans le déni. Entre la fin de la période d’immigration au milieu des années 70 et le début des années 2000, la population d’origine maghrébine a quadruplé ici, par le biais du regroupement familial. Encore fallait-il leur expliquer l’essentiel : c’est à dire leurs droits et devoirs vis-à-vis de la société belge. Même s’il fait bon vivre ici, je suis la première à reconnaître les difficultés d’intégration que rencontrent certains Molenbeekois ».

Depuis Charlie Hebdo, où nombre de jeunes Molenbeekois (et autres) issus de l’immigration croyaient dur comme fer en la théorie du complot, vantaient même les ‘exploits’ des terroristes, Molenbeek a mis en place une formation destinée à repérer la radicalisation violente de ses concitoyens. Policiers, agents de quartier, éducateurs, fonctionnaires communaux, professeurs, etc. ont tous suivi la formation. Et cela semble fonctionner. « Avant, tu ne pouvais pas expliquer aux éducateurs qu’il y avait des problèmes de radicalisation dans la commune. Aujourd’hui, tout le monde est hyper vigilant. Cela porte ses fruits. Mais le travail est encore long. Ca va prendre des années. »

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